Le drame s’est produit vers midi alors que l’ouvrier de nationalité portugaise était en train de fixer les garde-corps d’une fenêtre au troisième étage d’un bâtiment. Il semble avoir basculé dans le vide « quand les étais ont lâché », témoigne un collègue ayant vu l’accident. Il était gérant associé au sein de la petite société familiale Silvas Metal, sous-traitant du promoteur immobilier Sogeprom, ordonnateur du chantier.
Un véritable drame
Très vite, Lyes Chouaï, syndicaliste CGT, se rend sur les lieux de l’accident avec plusieurs militants et ceux-ci constatent plusieurs anomalies sécuritaires, notamment aux abords des zones piétonnes. Un représentant du parquet de Bobigny, puis le procureur, se sont déplacés sur les lieux de l’accident afin de rendre compte de l’accident.
La CGT a annoncé le soir même « étudier d’ores et déjà les moyens de suivre la procédure qui s’ouvre » dans un communiqué dans lequel elle rappelle que « personne ne devrait mourir au travail ».
Décès d’un ouvrier sur un chantier à Aubervilliers
Personne ne devrait mourir au travail !
« Aujourd’hui un travailleur est mort. Tombé du 3e étage d'un bâtiment en construction à Aubervilliers » pic.twitter.com/Qhh2PZe4tp— cgt 93 (@93Cgt) February 15, 2025
Un ouvrier du BTP meurt chaque jour en France
L’AFP précise qu’en France, « les chutes de hauteur constituent la deuxième cause de mortalité au travail, après les risques routiers » et « représentent 45 % des accidents du travail du secteur du BTP », d’après des chiffres publiés en 2024 par l’Assurance maladie.
Dans le BTP, la sous-traitance est l’une des causes principales de ces accidents au travail. Les sous-traitants bénéficient de moins de temps pour se former aux gestes professionnels et les politiques de prévention sont souvent absentes, parce qu’ils sont soumis à des objectifs de productivité plus élevés que les autres. Par ailleurs, leur précarité les contraint souvent à accepter des conditions de travail risquées.
Ces morts, souvent traités comme des « simples faits divers », sont les résultats de choix effectués pour maximiser les profits. Comme le rappel la CGT dans son dossier de presse « En finir avec les mort·es et les blessé·es au travail » la suppression du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) suite aux « ordonnances Macron » a véritablement fait exploser le nombre de tués au travail depuis 2019. Des chiffres qui culminent à 903 morts en 2023.
De plus, quand on compare les chiffres au niveau de l’Union européenne, la France fait office de très mauvais élève. Avec un ratio de 3,3 à 3,5 accidents mortels pour 100 000 salariés en 2022, la France figure parmi les pays les moins bien classés en Europe en matière d’accidents du travail et d’accidents mortels, aux côtés de la Lituanie, de la Lettonie, de Malte et de la Roumanie.