Soumis au renouvellement régulier de contrats qui dépendent à la fois de l’activité économique, du patron de l’entreprise qui les emploie et de celui de l’agence d’intérim qui les loue à celui-ci, les intérimaires sont soumis à une pression permanente.
Non seulement ils doivent être bons au travail, mais ils doivent aussi savoir courber l’échine si les conditions salariales ou de travail ne sont pas bonnes.
« La pression des agences sur les intérimaires est terrible » expliquent les responsables nationaux de la CGT Intérim réunis à l’Union locale CGT de Boulogne-sur-Mer avec les représentants de syndicats des entreprises locales.
Des droits à faire respecter
Et de citer des exemples de luttes qui se sont déroulés encore récemment, comme chez Nocibé (Nord).
D’autres ont eu lieu ces derniers jours chez Stellantis à Hordain (Nord) pour empêcher des pertes de salaire qui peuvent atteindre 2.400 euros, les entreprises de travail temporaire exigeant le remboursement de jours chômés décidés par les entreprises utilisatrices.
« Les intérimaires ont des droits, ce sont des salariés comme les autres. Mais comme beaucoup, ils ignorent leurs droits ». Et la précarisation du travail, qui crée deux sortes de travailleurs — stables et instables – n’aide pas à la prise de conscience.
Des intérêts communs
« Chez Randstad, contrairement à d’autres syndicats, la CGT n’oppose pas les permanents aux intérimaires. Ça, c’est le jeu des entreprises d’intérim qui font tout pour que les relations entre collègues, permanents et intérimaires se tendent » souligne Sébastien Briou élu CGT du Groupe Randstad France.
« Pourtant, leurs intérêts sont les mêmes (Erwann Dagor – CGT Intérim) et notre tâche est de prouver qu’unis, ils sont plus forts que leurs patrons ».
Pas simple, d’autant que l’organisation du travail peut tenir éloignés les travailleurs stables des instables. « Sur Capécure (Boulogne/Mer) on a des gars qui font 20 h en deux jours, le week-end et sont absents toute la semaine. Cela n’aide pas au rapprochement, ça crée des différences et l’acceptation de conditions qu’on refuserait dans un emploi permanent ».
Favoriser l’unité des intérimaires et des permanents...
La CGT considère qu’il faut en faire plus pour rassembler permanents et intérimaires et faire aussi que ces derniers se sentent considérés comme des travailleurs à part entière par leurs collègues et les syndicalistes.
La CGT Intérim et tous ses syndicats d’entreprises intérimaires ont donc décidé de taper fort en 2024.
Il y a des élections professionnelles cette année et un peu de temps pour les préparer.
Les militants des entreprises intérimaires ont donc pris leurs bâtons de pèlerin et sillonnent la France cégétiste, par union locale ou départementale selon l’importance des départements. Il s’agit de convaincre d’abord les militants et de se préoccuper des travailleurs précaires. Il faut favoriser l’unité des travailleurs dans les entreprises.
« On doit y compris se préoccuper de leurs élections professionnelles. Les intérimaires votent dans les entreprises intérimaires. Il faut en discuter avec eux, les aider, car certaines agences vont jusqu’à leur demander leurs codes informatiques pour voter à leur place. Et on devine que les directions ne votent pas pour la CGT ! ». Du résultat de ce vote dépendent aussi les conditions d’emploi dans les entreprises utilisatrices, donc les relations avec les travailleurs permanents.
...pour développer les mobilisations sociales
À Boulogne-sur-Mer, les syndicats CGT des entreprises utilisatrices d’intérimaires ont immédiatement répondu à la demande de la CGT Intérim en décidant d’actions vers les intérimaires en septembre.
Une journée de permanence sera également tenue chaque trimestre à la Bourse du Travail sur les problèmes spécifiques aux intérimaires et ceux-ci pourront trouver des réponses à leurs interrogations lors des permanences habituelles de la CGT.
Ici, la ville compte 28 boîtes d’intérim et les intérimaires sont plus nombreux que dans d’autres villes, notamment dans la filière des produits de la mer.
Compte tenu de l’aggravation de la situation économique, sociale et politique aujourd’hui, peut-on ajouter, la mobilisation du maximum de travailleurs est vitale.