Quelques jours plus tard, la direction annonçait un entretien avec ce salarié pour une éventuelle sanction pouvant aller jusqu’au licenciement.
La réaction patronale a d’autant plus choqué que ce n’est pas la première fois que sa gestion du site est mise en cause par l’ensemble des syndicats. Le fait que le délégué ait également été candidat du Nouveau Front populaire dans la 6ᵉ circonscription ajoutait à l’émoi de salariés qui y voient la revanche malsaine d’un patronat qui préfère le RN au Front populaire…
Bonnes nouvelles et mauvaises pratiques patronales…
Cela dit, l’affaire relève d’abord de faits intéressant l’entreprise.
En effet, en décembre dernier, l’intersyndicale CFDT-CGT-CFTC mettait le doigt sur des pratiques qui conduisent à de mauvaises utilisations des matériels et à la baisse d’entretien de ceux-ci.
Malgré tout, l’annonce, il y a peu, par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, du rachat par l’État de 80 % d’Alcatel Submarine Networks (ASN) à Nokia rassurait personnels et syndicats.
Le site calaisien constitue en effet un pôle de production important. Il occupe 600 salariés sur les 2.000 du groupe Nokia dans le monde. C’est ici que sont fabriqués et que sont embarqués annuellement 50.000 km de câbles sous-marins de télécommunications posés par 7 navires câbliers. Une technologie qui fait passer la fibre optique partout autour du monde.
La bonne nouvelle a cependant été tempérée par les pratiques de la direction.
Museler l’action syndicale
Alors que l’entreprise est en pleine mutation, la visite du PDG de Nokia - Pekka Lundmark- à l’usine ASN de Calais sans en rencontrer les salariés ni les syndicats a inquiété.
La CFDT fait d’ailleurs un parallèle avec la dégradation du climat social qui s’est manifesté par la faible participation des salariés à la manifestation célébrant les 30 ans d’ASN.
Il dénonce aussi les négociations annuelles obligatoires signées « quasi sous la contrainte ». Un climat relaté à la Presse par Bryan Fackeure, qui lui vaut la menace de sanctions, voire d’un licenciement pour faute grave.
Une attitude patronale qui vise à museler la liberté d’expression, ont assuré les syndicats participant à un rassemblement de soutien, devant l’entreprise, durant l’entretien préalable du syndicaliste.
La solidarité ouvrière en réponse
Les Unions locales FO de Calais, CGT de Calais et de Boulogne, CFDT de Calais et la Fédération CFDT de la métallurgie avaient envoyé des représentants en soutien, de même qu’on notait la présence de responsables et militants d’associations locales et de partis de gauche.
À l’issue de l’entretien, B. Fackeure a annoncé que la direction n’avait pas pris de décision, mais qu’elle ferait connaître sa position avant la fin du mois.
En attendant la CFDT, les syndicats et organisations solidaires resteront attentifs et mobilisés.