Difficile de ne pas voir l’indécence dans les chiffres affichés par l’ONG, tant les salariés se trouvent confrontés au mur patronal dès lors qu’il s’agit de négocier une augmentation de salaire. Depuis 2019, les salariés n’ont vu augmenter leurs salaires que de 9 % dans les boîtes du CAC40. Une évolution bien insuffisante au vu des coûts de la vie, déjà maintes fois dénoncée. Parallèlement, les PDG en question se sont vus augmenté de 27 %, avec une rémunération annuelle moyenne de 6.66 millions d’euros. Une somme stratosphérique.
N’en jetez plus, l’écart est creusé. En moyenne, ces patrons touchent 130 fois plus que le salaire moyen dans leurs entreprises.
Le poids de la finance
Ces dernières semaines ont été rythmées par les effets de communication de Michelin, nouveau chantre du « salaire décent », et par la hausse spectaculaire de la rémunération de Carlos Tavares, patron de Stellantis, qui devrait atteindre 36.5 millions d’euros. Le point commun entre les deux reste leur présence – à différents niveaux, certes – dans ce rapport de l’ONG.
Les industriels prennent une place importante dans ce « podium des mauvais élèves », puisque Dassault Systèmes, ArcelorMittal, EssilorLuxottica se voient gratifier d’un écart supérieur à la moyenne. Toutefois, notons le poids des critères financiers dans ces rémunérations. Oxfam souligne la « relation toxique » entre actionnaires et dirigeants sans laquelle cet écart et ces sommes n’existeraient peut-être pas. Effectivement, 69 % de ces revenus seraient purement financiers, et donc définis par des actionnaires au travers d’objectifs court-termismes.
Écart parmi les écarts, le dirigeant de Teleperformance gagnerait 1453 fois plus que le salaire moyen de son entreprise, suivi par Alexandre Bombard, dirigeant de Carrefour, pour qui l’écart n’est « que » de 426. Ce dernier, qui gagne en neuf heures l’équivalent du salaire annuel moyen de ses salariés, n’est pas en manque d’arguments pour justifier l’injustifiable. Il a indiqué que le salaire moyen dans la grande distribution est « significativement inférieur à d’autres secteurs » ; le problème n’est donc pas l’écart, mais bien les bas salaires qui ruinent par ailleurs l’économie du pays.