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En grève à partir de ce lundi 5 mai

Les cheminots veulent l’ouverture de vraies négociations

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Mise à jour le 3 mai 2025
Temps de lecture : 5 minutes

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SNCF CGT Syndicalisme Emploi

Le mouvement de grève annoncé à la SNCF pour cette semaine attise à nouveau le « cheminots bashing » dans la plupart des médias qui parlent d’une « semaine noire ». Il repose pourtant sur des arguments solides et posés depuis longtemps par les syndicats.

Les chaînes d’information continue et les journaux dits « mainstream » n’en peuvent plus de reprendre leur éternel refrain sur la prise en otage des voyageurs, lors d’une période de jours fériés et, en l’occurrence, à l’occasion du pont du 8 mai, par des employés « privilégiés ».

« Avant d’utiliser le terme ’’otage’’, celles et ceux qui le font feraient bien de considérer le véritable sens de ce mot ». Le secrétaire régional CGT des cheminots (Nord et Pas-de-Calais), Xavier Wattebled, ne cache pas son agacement et fait valoir que les grèves sont annoncées, ce qui permet à la SNCF de s’organiser.

Les contrôleurs et les conducteurs veulent être écoutés

« Jusqu’à quand allez-vous nous emmerder ? » interrogeait ainsi grossièrement, il y a quelques jours, le journaliste Olivier Truchot (RMC – BFM TV) face à un syndicaliste de Sud Rail. Ce dernier avait répondu que les revendications des cheminots étaient sur la table depuis longtemps et que le mouvement de grève avait été annoncé depuis plusieurs semaines, sans prendre de court ni la direction, ni les usagers.

De fait, confirme Xavier Wattebled, les sujets qui sont sur la table datent de plusieurs mois. « En premier lieu, explique-t-il, les contrôleurs et les conducteurs, c’est-à-dire les salariés des deux métiers roulants, font les frais de l’utilisation de l’intelligence artificielle pour l’organisation des plannings. Il peut y avoir deux ou trois changements de commande par service et par jour. Pour les salariés, cela devient très compliqué. »

Second problème, le système des primes est obsolète et doit être revu. À cela s’ajoutent les conditions de travail et un effectif insuffisant. « L’entreprise n’a pas pris en compte nos demandes et, finalement, on en arrive au conflit ». En fait, précise le représentant de la CGT, le mouvement a commencé le 11 avril avec un premier round qui a concerné 60 à 65 % de grévistes dans le Nord et le Pas-de-Calais. En l’absence de négociations (rien n’avait débouché ce samedi 3 mai), le mouvement va repartir dès ce lundi 5 mai. «  Nous attendons que l’entreprise ouvre de vraies négociations », insiste Xavier Wattebled.

Les commerciaux et la maintenance dans le mouvement

Mais les contrôleurs et les conducteurs ne sont pas les seuls concernés. Des alertes sociales ont été posées sur les autres métiers. Il y a une semaine, souligne la CGT, il y a eu un mouvement sur le service relation clients à distance (RCAD, vente à distance). Les salariés dénoncent un projet de délocalisation à Paris du centre de Douai. Plus précisément, c’est la direction qui serait changée (sans forcément modifier le lieu), avec à la clé des suppressions d’emploi. Ce 5 mai, les RCAD d’Arras et de Douai appellent, eux aussi, à la grève. «  Nous envisageons d’ailleurs un mouvement tous services début juin », dit le syndicaliste. En fait, résume-t-il, tous les cheminots sont concernés, maintenance comprise.

Pour la CGT, les bénéfices de la SNCF sont investis dans le rail alors que c’est le rôle de l’État. En parallèle, on demande toujours plus de productivité aux salariés. Sur les chiffres, précisément, les syndicats rappellent que la direction a annoncé, il y a près de deux mois, un bénéfice de 1,6 milliard d’euros. Ils réclament donc en retour des augmentations de salaire. En face, la direction prétend que les salaires ont déjà été augmentés de 17 %, voire 21 %, ce que démentent Sud Rail et la CGT.

« Il ne s’agit pas d’augmentations de salaire, explique Xavier Wattebled. Pour nous, une augmentation de salaire porte sur le salaire brut. Or, la direction s’appuie, dans son discours, sur les primes d’intéressement, de production, ou simplement pour calmer nos revendications. Ce que nous voulons, c’est une vraie hausse de salaires avec les cotisations sociales. »

Outre que les salaires ont été gelés pendant huit ans, les dernières négociations annuelles obligatoires (NAO) n’auraient débouché que sur des hausses salariales modestes : 2 % en 2023 avec une inflation de 4,9 % et 0,5 % l’année suivante pour un taux d’inflation de 2 %.

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