À Lille, plus de 10 000 personnes (selon les syndicats et les associations) ont répondu à l’appel de l’intersyndicale pour demander que l’on fasse barrage à l’extrême droite et que, aux élections législatives du 30 juin, on vote pour le candidat du Nouveau Front populaire.
Avant de donner le départ du cortège, la parole est donnée aux représentants syndicaux qui se succèdent, tour à tour, sur la plate-forme de la camionnette de l’Union départementale CGT du Nord. C’est le secrétaire de cette dernière, Jean-Paul Delescaut, qui ouvre la séquence. Pas d’ambiguïté : « La CGT est indépendante, mais elle n’est pas neutre ». Voilà pour les syndicats qui ne se sont pas joints à l’appel du 10 juin : la CFE-CGC, la CFTC, FO. Ce qui n’empêche d’apercevoir, dans la foule, des drapeaux de Force Ouvrière.
Grèves et manifestations à venir
Dès le début de sa prise de parole, Jean-Paul Delescaut appelle à se joindre aux grèves et aux manifestations qui vont suivre d’ici aux élections législatives. Il appelle ensuite, « clairement », à voter pour les candidats présentés par le Nouveau Front populaire. « Entre Macron et le projet NFP, notre choix est fait », clame-t-il en précisant que cela n’entend pas donner un blanc-seing à la gauche réunifiée pour la circonstance. « Il faut voter massivement pour les candidats NFP le 30 juin et confirmer le 7 juillet ! » martèle-t-il.
S’ensuit une liste d’arguments issus des propositions de l’intersyndicale et du programme de l’union de la gauche :
- abrogation de la réforme des retraites
- égalité entre les hommes et les femmes
- maintien des services publics
- abrogation des lois travail et de la loi immigration
- coup d’arrêt à la réforme de l’assurance chômage
- arrêt de la répression syndicale (le secrétaire de l’UD59 est sous le coup d’une condamnation pour « apologie du terrorisme » après un tract de soutien au peuple palestinien)
- abrogation des lois sécurité
- cessez-le-feu en Ukraine et en Palestine
- embargo sur les livraisons d’armes à l’Ukraine et à Israël
- reconnaissance par l’État français de l’État de Palestine...
À sa suite, sur cette tribune improvisée, le représentant CFDT alerte sur la « démocratie en danger ». Sa collègue de Sud-Solidaires insiste sur les valeurs « égalité, justice et solidarité » et réclame des milliards pour lutter contre les violences faites aux femmes. Le représentant de la FSU attaque le Rassemblement national, ennemi de l’IVG, ennemi des femmes et clame pour le droit, la solidarité, la justice et des salaires décents.
La foule a eu le temps de se masser derrière le véhicule de la CGT qui ouvre la marche. Le cortège se met en branle sur le coup de 15 h 15 et marchera une heure et demie avant de se dissoudre place de la République.
Les familles étaient nombreuses à exprimer leurs craintes devant le péril d’une extrême droite au pouvoir. Certains regrettaient de ne pas retrouver le souffle de 2002, lorsque 30 000 personnes avaient défilé, un dimanche matin dans le centre de Lille, contre Jean-Marie Le Pen, arrivé au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac. Le combat commence.
- La manifestation lilloise a connu un couac au démarrage. Alors qu’un syndicaliste de l’Union départementale CGT organisait la prise de parole des différentes formations, il a demandé aux partis politiques de se placer en fin de cortège, derrière les syndicats. Mais il a cru bon souligner avec verdeur que l’on voyait rarement les politiques de gauche dans les manifestations. Pas très bien vu alors que les membres de l’intersyndicale appellent à voter pour les candidats du Nouveau Front populaire.
À deux pas de l’orateur, mais hors de son champ de vision, la maire PS Martine Aubry a peu goûté la remarque et l’a clairement fait savoir aux responsables cégétistes. « Nous avons toujours été là pour manifester contre le Rassemblement national », a-t-elle rappelé. L’auteur du tacle a présenté ses excuses à l’élue socialiste.
- Lors de sa commission exécutive, le 14 juin, l’Union locale CGT de Lille a appris que le maire de Villeneuve d’Ascq, Gérard Caudron, refuse de voter aux législatives pour le député sortant (LFI) Ugo Bernalicis. pourtant investi pour le Nouveau Front populaire. Interrogé par Liberté Actus , le secrétaire de l’UL annonce : « Nous avons décidé de nous adresser à Gérard Caudron pour lui dire que sa prise de décision est complètement inadmissible et irresponsable de la part d’un maire qui se dit de gauche ».