Sophie Tarek est ébavureuse chez Westlake Plastics Europe, une PME tourquennoise d’une centaine de salariés, spécialisée dans le matériel médico-chirurgical et dentaire. En clair, elle est affectée à la finition des implants pour les articulations. Elle a été embauchée il y a 3,5 ans. À l’époque, elle ne s’attendait certainement pas à vivre l’expérience qu’elle subit.
Vivant seule et en cours de traitement pour un double cancer, elle est bien certaine de n’avoir jamais failli à ses obligations professionnelles. Mais la douche glacée lui est tombée dessus lundi 26 août. À peine arrivée au travail, ses collègues l’informent qu’elle est attendue par le directeur et la DRH. Peut-être, lui glisse-t-on cyniquement, pour lui remettre le panneau d’informations syndicales qu’elle avait demandé plus tôt.
Malade et syndicaliste
La réalité est bien différente. Le directeur lui signifie une mise à pied « pour faute grave » et lui remet une convocation en vue d’un entretien de pré-licenciement pour ce mardi 3 septembre. Elle doit quitter immédiatement l’entreprise. Convoquée à 11 h 30, elle s’est vue confirmer la mise à pied et doit maintenant attendre la décision finale : le licenciement.
Le matin de ce mardi 3 septembre, dès 10 h, des représentants de l’Union locale CGT de Tourcoing appelaient à un rassemblement de soutien devant le siège de l’entreprise. Brahim Elfallagha, secrétaire général de l’UL, explique avoir rencontré Sophie lorsqu’elle est venue expliquer ses premiers déboires. « J’ai rapidement constaté un changement d’ambiance au sein de mon lieu de travail, raconte-t-elle. Plusieurs salariés et des représentants de la direction me regardaient comme une pestiférée. Ils me disaient que je ne travaillais pas assez rapidement et que je partais trop tôt. Finalement, ils m’ont reléguée aux tâches les plus simples, m’interdisant de toucher aux implants compliqués. »
Fatiguée de cette attitude et de ces humiliations qui ajoutaient à la fatigue de son traitement médical, elle finit par se rendre à l’UL CGT de Tourcoing. « J’ai vu une femme combative et revendicative, se souvient Brahim Elfallagha. En janvier dernier, elle a adhéré au syndicat et six mois plus tard, elle devenait représentante de la section syndicale (RSS) qu’elle avait créée au sein de Westlake. »
Le harcèlement s’amplifie
Pour lui, c’est à partir de là que la situation dérape. Sophie Tarek confirme. « Le harcèlement s’est amplifié dès que la direction a été informée de la création d’une section syndicale. Jusque-là, il n’y en avait aucune. Les collègues me demandaient si je sais où je mets les pieds. Ils m’assurent que la CGT m’instrumentalise. »
Au terme de son entretien avec le directeur de Westlake, ce 3 septembre, il lui a été dit que certains de ses collègues l’accusent de les avoir menacés. Ce sont les « faits graves » qui lui sont reprochés, sans doute soutenus par des témoignages écrits.
Voilà qui ressemble peu à la salariée de 55 ans et dure à la tâche. Sa maladie l’a bien évidemment conduite à des arrêts maladie successifs de 2 et 3 mois. « Ensuite, quand j’ai fait de la radiothérapie, j’ai continué à occuper mon poste. Une ambulance venait me chercher et me redéposer sur mon lieu de travail. Mon oncologue me l’a reproché en me rappelant qu’un cancer n’est pas un rhume ! »
Payée au Smic, Sophie Tarek sent l’angoisse monter dans l’attente de la décision de Westlake.