Dès le 10 juin, les représentants de l’intersyndicale des huit confédérations se sont réunis au siège de la CGT, à Montreuil. Sans surprise, commente la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, FO, la CFE-CGC et la CFTC, ne se sont pas joints à l’appel des cinq autres organisations. Elle y voit des raisons culturelles et historiques et rappelle que la même chose s’était produite en 2002 lorsqu’il s’était agi de se mobiliser massivement contre la candidature de Jean-Marie Le Pen, parvenu au second tour de l’élection présidentielle.
« Il est minuit moins cinq »
Force Ouvrière, par la voix de son secrétaire général Frédéric Souillot, s’appuie sur « le rejet de toute emprise et instrumentalisation politique » de son syndicat. À la FSU, Benoît Teste note au contraire que les cinq syndicats signataires de l’appel « gardent leur indépendance pour peser sur le débat public ».
Pour leur part, la CFDT, la CGT, l’UNSA, la FSU et Solidaires affirment que « Notre République et notre démocratie sont en danger » face au risque d’une victoire de l’extrême droite lors du scrutin. Ils appellent à un « sursaut démocratique et social ». « En décidant de dissoudre l’Assemblée nationale, et d’organiser des élections législatives en trois semaines, après les premiers départs en vacances et à la veille des Jeux Olympiques, le président de la République prend une lourde responsabilité », préviennent les organisations syndicales.
« Il est minuit moins cinq », ajoute Sophie Binet. Elle fait ainsi référence à la préface qu’elle a récemment signée pour la réédition des « Jours Heureux » où elle écrivait qu’il est « minuit moins le quart » avant une arrivée possible de l’extrême droite au pouvoir. « Personne alors n’imaginait que cela pourrait être une perspective pour dans trois semaines », dit-elle aujourd’hui.
Faire la différence
La secrétaire générale insiste sur l’importance de se regrouper et de manifester. « C’est grâce à la grande dynamique populaire que lundi soir [10 juin] il y a eu un accord d’union de la gauche alors qu’on était sur des conflits irréconciliables jusque-là. » Elle poursuit, au micro de France Inter, « Quand on regarde ce qu’il se passe à l’étranger, c’est parce qu’il y a eu de grandes mobilisations en Allemagne que l’extrême droite allemande a reculé dans les urnes et c’est parce qu’il y a eu des très grandes mobilisations en Espagne avec une unité syndicale sur ces questions, que l’extrême droite n’est pas arrivée et qu’au contraire, on y trouve le gouvernement le plus à gauche d’Europe. »
Et pour en revenir à la constitution d’un nouveau Front populaire, aujourd’hui, « le contexte nous ramène à celui des années 30 ». Après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, en Allemagne, la CGT avait appelé en France à un Front populaire. « Grâce à une grande mobilisation sociale et à l’unité des forces de gauche, on avait eu une des plus grandes séquences de conquêtes sociales du pays. Rien n’est jamais écrit d’avance, et c’est nous qui ferons la différence » conclut Sophie Binet avant de renouveler son appel à manifester ce week-end « à toutes les personnes pour qui le climat [politique – ndlr] est anxiogène et qui sont inquiètes pour l’avenir du pays. »
- Augmenter les salaires et les pensions.
- Revenir sur la réforme des retraites et sur la réforme de l’assurance chômage.
- Défendre nos services publics et en garantir l’accès à toutes et tous sans condition de nationalité et sur tout le territoire. Notre école, notre recherche, notre système de santé, de prise en charge de la dépendance, notre système de justice sont asphyxiés et ont besoin d’investissements massifs.
- Mettre fin à la verticalité du pouvoir en commençant par restaurer la démocratie sociale à tous les niveaux, entreprise, branche, territoire et interprofessionnel.
- Mettre en place des mesures de justice fiscale et notamment taxer les super-profits, dividendes et rachats d’actions.
- Instaurer enfin l’égalité salariale et éradiquer les violences sexistes et sexuelles.
- Instaurer le droit à la régularisation pour tous les travailleurs et travailleuses étrangers et étrangères sur la base d’un certificat de travail.
- Relocaliser et transformer notre industrie pour répondre aux besoins sociaux et environnementaux en la protégeant du dumping social, fiscal et environnemental.
- Créer de nouveaux droits pour permettre aux travailleuses et aux travailleurs d’anticiper les transformations environnementales et de sécuriser leur emploi.
- Dans l’immédiat, nous appelons le président de la République à la cohérence. L’Assemblée nationale est dissoute, les réformes doivent donc être interrompues étant donné qu’il n’y a plus aucun contrôle démocratique. Le gouvernement doit en particulier immédiatement renoncer à sa réforme de l’assurance chômage.