Le 4 octobre sera le jour du 80ème anniversaire de l’ordonnance du 4 octobre 1945, date de la création de la Sécurité sociale bâtie par Ambroise Croizat et Pierre Laroque. À cette occasion, la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité lance une initiative à la Bourse du Travail de Paris. Mais dès ce 18 juillet, elle a publié un communiqué pour la défense d’une « Sécurité sociale à hauteur de nos besoins de santé grandissants ».
« L’idée, explique la présidente de la Coordination, Michèle Leflon, est de rassembler le plus largement et d’aller au contact des gens. C’est le sens de la création des comités de défense. » Car, nous ne le savons que trop, la Sécurité sociale est en grand danger. Le Premier ministre, François Bayrou, lors de la dernière présentation de son programme d’austérité, annonce une rupture brutale de notre modèle social. Sur une économie recherchée de 43,8 milliards, il envisage de ponctionner la dépense sociale de 21 milliards.
Dans son communiqué, la Coordination nationale rappelle ainsi les grandes lignes des propositions gouvernementales : doublement du plafond des franchises médicales, remise en cause des Affections de longue durée (ALD), remise en question des arrêts de travail. « Il demande aussi une meilleure efficience de l’hôpital, un leitmotiv répété depuis des années, qui a surtout conduit à l’augmentation de l’endettement des hôpitaux, à des fermetures de lits et de services (…), à des urgences débordées, avec des personnels désespérés. Au total, ce sont 5 milliards d’euros d’économie dans la santé qui sont annoncés pour 2026 et la perspective de nouvelles économies les années suivantes. »
Faire de l’éducation populaire
Dans le même communiqué, la Coordination souligne que dans les mesures annoncées par Matignon, il n’y a pas un mot, par exemple, sur les profits des laboratoires pharmaceutiques. Et de conclure : « C’est de plus en plus clairement la volonté de brader au secteur privé la protection sociale et une grande partie du système de santé. » Voilà qui, largement, mobilise la Coordination et aussi Convergence des Services publics qui appellent à signer la pétition « La Sécurité sociale, c’est vital ».
Pour Michèle Leflon, il est donc très urgent et très indispensable d’expliquer comment la Sécurité sociale est attaquée. Car, dit-elle, « beaucoup de gens la considèrent [aujourd’hui] comme une administration. » Face à ce danger, plusieurs médecins sont au chevet de ce qu’avaient construit Croizat et Laroque. Ils ont chacun des réponses, des propositions de thérapie différentes. Le Parti communiste français défend la sienne, ou plutôt, il a ses propositions pour rénover et financer la Sécurité sociale. Il propose notamment de sortir de la financiarisation de la gestion des entreprises, un autre financement en dynamique de la protection sociale, un débat sur une assiette des cotisations patronales, etc.
L’air connu du « trou » de la Sécurité sociale
Pour le PCF, « la construction d’un nouveau système social, en France et dans l’Union européenne, avec une Sécurité sociale rénovée, en lien aussi avec une sécurisation de l’emploi, de la formation, du revenu, pourrait ouvrir une issue de progrès à la crise systémique en cours. Pour répondre aux nouveaux besoins sociaux, liés notamment à la démographie, à l’emploi, à la santé, de nouveaux financements mutualisés seraient indispensables. Il s’agirait de sortir de la crise du financement de la protection sociale, enracinée dans la crise économique et liée aux politiques économiques et sociales comme aux gestions d’entreprise. »
Pour Michèle Leflon, une chose est certaine. Il faut faire de l’éducation populaire efficace pour expliquer au public que ce n’est pas en s’attaquant aux cotisations sociales que l’on va résoudre le problème. Mais il faut aussi savoir expliquer aux salariés des petites et moyennes entreprises qu’il ne s’agit pas d’étrangler les « petits patrons ». Les propositions du PCF portent aussi sur la modulation des cotisations en fonction de la taille des entreprises.
Mais pour l’heure, le Premier ministre rejoue l’air trop connu du « trou » de la Sécurité sociale, « un trou artificiellement construit », rappelle la Coordination nationale qui poursuit : « En accusant les malades de trop consommer de soins, les professionnels de santé de mal s’organiser, il les rend responsables d’une situation dont les seuls fautifs sont les gouvernements successifs qui ont refusé toute augmentation des ressources de l’assurance maladie pour les adapter aux besoins de la population, à son vieillissement, aux progrès médicaux, au développement des maladies chroniques ».