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GERARD BOTTINO/shutterstock
Journée d'action du 1ᵉʳ octobre

Une mobilisation qui en appelle d’autres

Accès libre
Mise à jour le 2 janvier 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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Manifestation CGT Syndicalisme

Entre journée d’action en demi-teinte ou à la hauteur de ce type de mobilisation, celle du 1ᵉʳ octobre a eu le mérite de rappeler les craintes et exigences des salariés au moment où le chef du gouvernement prononçait son discours de politique générale.

La guerre des chiffres entre la police et les organisations syndicales est au mieux de sa forme. Selon le ministère de l’Intérieur, 95 000 personnes ont battu le pavé ce 1ᵉʳ octobre au sein des 250 manifestations organisées en France. La CGT annonce le chiffre de 170 000.

Contrairement à l’exemplaire mouvement contre la réforme du système de retraite, l’intersyndicale n’était pas au rendez-vous. La CFDT, FO, la CFE CGT, la CFTC et l’Unsa avaient jugé que le moment n’était pas venu pour revendiquer dans la rue. Seuls à la manœuvre : la CGT, la FSU, Solidaires et des syndicats étudiants et lycéens.

Le social au centre des débats

Au final, Sophie Binet, secrétaire nationale de la CGT, estime que cette mobilisation était « à la hauteur de ce type de journée d’action ». Elle a raison quand on compare avec la manifestation pour les salaires de 2023 : 92 500 selon la police, 200 000 selon les syndicats. Surtout, cette journée était l’occasion de remettre la question sociale au centre des débats au moment où le Premier ministre Michel Barnier prononçait son discours de politique générale devant les députés.

Partout, les manifestants ont défilé sur des slogans réclamant une hausse des salaires (en dénonçant le coût de la vie), l’abrogation de la réforme des retraites, le maintien des droits pour les chômeurs, les services publics, l’emploi et les conditions de travail, etc.

À Paris, ils étaient 20 000 selon la CGT, 11 000 selon la police. À Bordeaux, on dénombrait environ 2 200 personnes pour 6 000 à Lyon (chiffre CGT), 2 800 à Rennes, 2 900 à Bordeaux, 4000 à Lille (1 700 pour la préfecture), 700 à Arras, 150 à Valenciennes, 250 à Boulogne-sur-Mer et entre 100 et 200 à Douai, Maubeuge, Cambrai.

Outre les salaires et les retraites, on a entendu beaucoup de craintes concernant le recul des services publics et le désengagement de l’État, le retour de l’austérité. La santé et le sort de l’hôpital public prenaient aussi bonne place parmi les revendications. Même chose pour l’Éducation nationale, le manque de moyens pour l’enseignement, le salaire des professeurs, la défiance vis-à-vis de la nouvelle ministre Anne Genetet.

Un discours de politique général sans réponse

Pratiquement au même moment, le discours de politique générale de Michel Barnier trahissait déjà l’absence de réponses concrètes à la demande populaire. Le Premier ministre promet une reprise du dialogue sur les retraites, mais en préservant l’équilibre du système (autant dire qu’une « révision » de la loi ne pourrait qu’être marginale). Il promet une hausse de 2 % du Smic dès le 1ᵉʳ novembre. Il ne fait qu’avancer cette hausse de deux mois par rapport au calendrier (la hausse était prévue pour le 1ᵉʳ janvier).

Concernant l’emploi enfin, le présent et l’avenir n’annoncent rien de bon. La réindustrialisation tant annoncée par le gouvernement précédent est loin d’être au rendez-vous : difficulté pour l’avenir de l’automobile électrique et des batteries, difficultés chez les équipementiers de l’industrie automobile (licenciement chez Novares, en Alsace), craintes dans l’industrie sidérurgique (chez ArcelorMittal notamment), nuages très sombres sur la grande distribution (Casino, Carrefour, Auchan…).

La journée du 1ᵉʳ octobre était à la fois un test, plutôt réussi, pour le mouvement social et une mise en garde contre la politique du gouvernement Barnier telle qu’elle se dessine.

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