La grève de la fin ?
La colère prend le 10 septembre, date à laquelle l’entreprise est placée en redressement judiciaire à la demande de son unique actionnaire, le groupe thaïlandais PTT Global Chemical.
À l’occasion d’un CSE exceptionnel, qui a tenu en haleine des travailleurs remplis d’espoir, la nouvelle tombe, il n’y a qu’un repreneur. « Il y a quelque temps encore, on nous parlait de sept repreneurs potentiels » déclarait rageusement Jean-Claude Garcia, président CFE-CGC Chimie Dauphiné Savoie.
Le terme même de « repreneur » porte à interrogation tant l’offre est dérisoire. En effet, l’entreprise hongroise BorsodChem (filiale du groupe Wanhua) a proposé de ne conserver que l’atelier de Tolonates (composants chimiques pour vernis et peintures). En outre, seulement 25 salariés conserveraient leur emploi, mettant sur le carreau 95 % de l’effectif actuel ; entraînant une colère légitime de celles et ceux qui font marcher Vencorex, sachant que la moyenne d’âge est de 46 ans…
Ce mercredi matin, les salariés de l’usine Vencorex de Pont-de-Claix se sont réunis en assemblée générale d’urgence pour discuter et voter à l’unanimité la grève générale. Des réunions sont prévues avec Bercy pour trouver un compromis, rapportent les syndicats.
Un fleuron industriel isérois en danger
Derrière une entreprise qui ferme ses portes, il y a une réaction en chaîne sur l’ensemble du territoire. Le paysage industriel chimique isérois est marqué par des interconnexions entre les différentes entreprises (Framatome, Arkema, Solvay…). De nombreuses infrastructures ont été conçues pour développer cette coopération. Arkema s’approvisionne en sel auprès de Vencorex, qui le transporte via un saumoduc depuis la Drôme.
Le 1ᵉʳ octobre, près de 700 personnes avaient défilé en solidarité avec les salariés de Vencorex, à Pont-de-Claix, dans le cadre de la campagne de pétition « Sauvons la plateforme ! Sauvons les emplois ». Le bassin industriel de Pont-de-Claix et de Jarrie vit avec la peur de l’effet domino (1 000 emplois directs et 5 000 emplois indirects).
Les salariés de la plateforme chimique Arkema de Jarrie sont censés rejoindre les salariés Vencorex dans leur lutte qui, au-delà d’être une lutte sociale, semble être une lutte pour la dignité ouvrière et pour le territoire.