Le cortège a pris un côté festif avec, comme tous les ans, les notes de la Brigade des tubes et le toujours très déjanté Pap40, Alessandro di Giuseppe et ses harangues provocatrices pour l’ « Église de la très sainte consommation ». Pourtant, dans la foule, l’heure n’était pas forcément à la gaudriole. Certes, une unité intersyndicale s’affichait derrière une banderole rassemblant les huit principales organisations (CGT, CFDT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, FSE, Union étudiante), mais l’engouement qui avait caractérisé le 1ᵉʳ mai 2023 contre la réforme des retraites avait pris un sérieux coup de mou.
Toujours les mêmes qui trinquent
« Je m’attendais à plus de monde », s’étonne cette élue communiste et conseillère d’opposition à Roubaix. Elle trouve même la manif un rien « tristoune ». « Tout cela à quelques semaines des élections européennes et avec la menace de l’extrême droite », regrette-t-elle. Pour Marc, militant à l’UL CGT de Lille et salarié dans une entreprise privée, l’insuffisance d’adhésions syndicales (en dépit des chiffres à la hausse, enregistrés lors de la mobilisation contre la réforme des retraites) est regrettable. « De nombreux jeunes salariés ne s’intéressent pas du tout aux organisations et sont fatalistes. » Pourtant, dit-il, ce ne sont pas les revendications qui manquent. Et de citer les mesures et réformes antisociales, le projet de réforme de l’assurance chômage, les méfaits du néo-libéralisme. « Quand un plan d’austérité est lancé, ce sont toujours les mêmes qui trinquent. On ne met jamais à contribution les revenus du capital. Et le discours consistant à stigmatiser les chômeurs s’aggrave toujours plus. » La prime Macron (une « imposture »), la suppression de l’ISF, les cadeaux faits au patronat… la liste est longue qui explique la présence du militant ce 1ᵉʳ mai.
Jonathan est adhérent à la Filpac CGT (industrie du livre, du papier et de la communication). Il défile juste derrière la banderole unitaire. « À l’image de la confédération, nous revendiquons une revalorisation du Smic et la semaine de 32 heures. » Mais, plus spécifiquement, il dénonce la hausse de l’énergie qui fait souffrir le secteur du papier et du carton. Il évoque le cas de l’entreprise Ahlstrom, à Bousbecque. « Sa fermeture vient d’être annoncée. La situation est ubuesque. Une grosse prime est promise aux salariés parce que le site en a les moyens. Mais il n’a jamais fait les rénovations nécessaires. » Jonathan espère qu’un repreneur sera trouvé avec un vrai projet industriel et une meilleure organisation du secteur de l’énergie.
500 manifestants à Amiens
Tout au long du cortège, les revendications catégorielles fusent : l’action sociale, la santé, les pompiers du SDIS, la fonction publique, les métallos, les artistes et auteurs, le Syndicat des avocats de France, l’enseignement, etc. Dans les autres départements des Hauts-de-France, on retrouve les mêmes revendications et préoccupations. À Amiens, dans la Somme, ils étaient 500 pour une manifestation ensoleillée et en fanfare. Bien visibles : les communistes avec leurs paniers de muguet puis dans le village associatif organisé par l’intersyndicale.
À Château-Thierry, dans l’Aisne, un rassemblement a eu lieu en fin de matinée à la Maison des syndicats. Pour sa part, la section PCF a procédé à la traditionnelle vente de muguet et a assuré la promotion de la liste de Léon Deffontaines aux Européennes. Elle a aussi rappelé la fête des Libertés, ce 5 mai. On notait la présence de l’élue régionale communiste Marie-Ange Layer et le secrétaire de section Christian Copin.
À Laon, l’Union locale CGT a plutôt choisi un ciné débat avec la projection du film documentaire « Nous les ouvriers », suivie d’un barbecue solidaire.