À l’origine de leur colère : des conditions de travail qu’ils jugent dégradées, une absence de dialogue social et une pression managériale croissante. « Nous ne sommes pas des numéros », disent-ils, dénonçant un fonctionnement « inhumain » dans une entreprise qui revendique pourtant une stratégie de transformation innovante.
« Un management d’un autre temps » ?
Dans ce centre d’appels, les managers dirigent parfois plus d’une dizaine de personnes, souvent au prix de leur propre santé. Les négociations salariales, elles, sont au point mort : « La direction locale nous renvoie au national, comme si nous étions invisibles », explique une salariée que nous avons rencontrée. Une majorité des employés sont payés au SMIC, et les congés sont mal gérés, générant un absentéisme record et des souffrances psychologiques en hausse.
Les représentants syndicaux interpellent frontalement la direction : comment peut-on, selon eux, prétendre au label RSE de l’AFNOR, quand les salariés dénoncent « un management d’un autre temps » ? Une lettre a été envoyée à l’organisme certificateur pour demander des explications sur les critères d’attribution de cette distinction. À ce jour, aucune réponse précise n’a été apportée.
De Carmaux à Poitiers, la mobilisation grandit
Ce conflit n’est pas isolé. Après Carmaux et Le Mans, c’est désormais le site de Poitiers qui rejoint le mouvement. Une situation préoccupante pour une entreprise qui affiche des ambitions internationales via son plan stratégique Katalyst 2028 : 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires visés, 4 000 salariés formés à l’IA générative, 75 millions d’euros d’investissement, et une promesse de neutralité carbone d’ici 2040.
Mais derrière cette vitrine high-tech, les salariés pointent une réalité bien plus sombre. Aucun véritable volet social n’accompagne cette stratégie. Et à force de diriger sans écouter, Konecta abîme ce qui fait la vraie valeur d’une entreprise : ses femmes et ses hommes. Un label RSE ne suffit pas à masquer le malaise quand la réalité du terrain contredit les engagements affichés. Si Konecta veut préserver son image et réussir sa transformation, elle doit faire une place pleine et entière aux travailleurs dans la définition de sa stratégie. Cela suppose d’écouter, de négocier, de respecter. En clair : de passer des mots aux actes.
Rappelons enfin que Konecta est contrôlée majoritairement par le fonds britannique Intermediate Capital Group (ICG). Une entreprise financée par un investisseur international ne peut prétendre à l’exemplarité sans faire vivre dans les faits les valeurs qu’elle affiche.