La fumée noire se voit à des kilomètres à la ronde. Ce matin, les fonctionnaires du Centre Pénitentiaire de Vendin-le-Vieil bloquaient toujours leur établissement, entre ras-le-bol, recueillement et volonté de se faire entendre par le Ministère de la Justice. La sénatrice Cathy Apourceau-Poly et le député Jean-Marc Tellier sont venus les soutenir et entendre la colère.
La situation est grave : alors que la surpopulation carcérale ne baisse pas depuis des années, les effectifs de surveillants par détenu plongent. Les missions qui leur sont confiées sont de plus en plus nombreuses, mais avec des moyens limités quand ils ne sont pas en baisse.
Des témoignages accablants… et inquiétants
Depuis ce début de semaine, les témoignages se succèdent dans les médias pour dresser un tableau inquiétant de la situation. « On ne peut pas accepter d’avoir des missions, de partir le matin et de se dire qu’on ne va pas rentrer le soir. On est là pour faire un métier, on aime notre métier, mais on n’est pas là pour se faire tuer » rappelait le secrétaire du syndicat UFAP de Caen où étaient basées les deux victimes.
Dans le Pas-de-Calais comme ailleurs, les responsables syndicaux sont unanimes : la violence et le sentiment d’impunité des détenus augmentent, contrairement à l’appui de leur hiérarchie et les surveillants doivent faire toujours plus dans des conditions dangereuses pour eux, comme le rapportent nos confrères du média Radio Horizon à Béthune : « Depuis des années, la pénitentiaire demande plus de sécurité. Pour la maison d’arrêt de Béthune, on nous envoie deux agents non armés sans véhicule pour une escorte à l’hôpital en service de nuit. J’ai déjà attendu trois quart d’heure à l’hôpital qu’un taxi vienne me chercher seul avec le détenu au milieu des gens. C’est inadmissible. »
Un courrier adressé au Garde des Sceaux
Dans le même temps, les deux parlementaires communistes ont choisi de saisir le Garde des Sceaux, en charge de l’administration pénitentiaire. Ils y rappellent que : « Nous avons aussi eu l’occasion, depuis plusieurs années, d’interpeler la Chancellerie, que ce soit sur les conditions de détention, de salaires des agents ou de travail de toute l’administration pénitentiaire, probation et insertion inclues.
[…]La Justice exige des moyens. Au-delà de l’émotion légitime que nous ressentons tous face à l’assassinat froid de deux fonctionnaires dans l’exercice de leurs missions, notre responsabilité collective est de tout faire pour que cela ne se reproduise jamais.
Cela suppose des moyens immédiats pour la pénitentiaire, une revalorisation nette des salaires et des carrières des agents, des embauches. Mes pensées vont aux familles des fonctionnaires tués et blessés, à leurs collègues, mais également à toutes les victimes du criminel évadé et de ses complices. »
Selon les chiffres communiqués par les organisations syndicales, du fait de la surpopulation carcérale, chaque gardien a en charge entre 20 et 40 détenus et pour des salaires nets qui ne dépassent les 2.000 euros qu’en fin de carrière. Comment accepter de risquer sa vie pour protéger celle des autres dans ces conditions ?