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La nécessité de la convergence

La santé publique en lutte sur la Côte d’Opale

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Mise à jour le 5 juin 2025
Temps de lecture : 9 minutes

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Luttes Santé Social

La situation des structures hospitalières de la Côte d’Opale, publiques comme privées, ne cesse de se dégrader, poussant les personnels soignants à aller jusqu’à des grèves et des mouvements depuis plus de deux semaines.

Les mouvements se multiplient mais restent localisés aux établissements.

Le C.H. de Boulogne saturé

Au Centre hospitalier Duchenne de Boulogne-sur-Mer, la manifestation des internes comme des externes, surchargés de travail, en nombre insuffisant dans un établissement saturé, n’est que le sommet d’un iceberg de difficultés. Dotations insuffisantes, politique de santé publique en réduction… Là, c’est L’État qui est responsable, comme le dénonçaient déjà les syndicats il y a 3 ans dans un audit, contesté par le directeur et le Président du Conseil de surveillance mais dont les conclusions avaient été validées par les juges du Tribunal de Boulogne.

Le CH Duchenne, d’une excellente réputation et aux personnels dévoués comme rarement à leurs patients, en est dans certains services à intervenir après 7 à 8 mois d’attente pour des cas jugés urgents !

D’où l’ire des internes de la semaine dernière qui risque de gagner si la politique d’attrition des services se poursuit.

Centre hospitalier de Calais, « non à un hôpital low-coast ! »

À l’autre bout de la Côte d’Opale, vendredi 30 mai, c’était le tour de manifester de soignants, majoritairement Agents de Service Hospitalier (ASH) du Centre Hospitalier Dr Techer de Calais. À l’appel de la CGT, une quarantaine d’entre eux se réunissait dans le hall d’accueil pour dénoncer des conditions de travail de plus en plus difficiles.

Le CH Dr Techer ne remplace plus qu’un soignant sur deux en cas d’arrêt maladie, les plannings sont surchargés, la charge physique est croissante et il est prévu de ne remplacer qu’à 75% par des saisonniers les départs en congés. La direction s’est positionnée depuis des mois dans le refus total de négocier, décidant même autoritairement de supprimer quelques rares avantages établis à Calais depuis des décennies.

La colère monte et un nouveau piquet de grève se tiendra jeudi 5 juin à 13h devant l’Ehpad La Roselière qui, comme les autres services du CH Dr Techer connaît des problèmes de moyens financiers et humains.

Comme un sentiment de maltraitance institutionnelle

La colère monte et un nouveau piquet de grève s’est tenu jeudi 5 juin devant l’Ehpad La Roselière qui, comme les autres services du CH Dr Techer connaît des problèmes de moyens financiers et humains. Un rendez-vous de lutte qui se répétera dans les semaines à venir.

Greg, le secrétaire adjoint de la CGT, est allé plus loin cette fois en rendant publics de graves dysfonctionnements qui, pour la CGT entraîne « un sentiment croissant de maltraitance institutionnelle » envers les patients. À l’Ehpad, « le personnel est la moitié de l’année en sous-effectifs (…), il y a un manque de matériels de base entraînant la dégradation de la qualité de service aux patients (…), ça touche jusqu’aux carafes d’eau ! Nous disons stop à l’hôpital low-coast qu’on est en train de nous imposer. Nous, comme nos patients, voulons vivre dignement et en sécurité ! ».

Le syndicat a d’ailleurs demandé un rendez-vous à l’Agence Régionale de Santé pour obtenir des explications sur la situation financière derrière laquelle la direction se réfugie pour justifier ses mesures antisociales.

« Et nous irons tous, et en bus » annonce le syndicaliste.

CMCO : l’action continue

Même détermination du personnel au Centre Médical Chirurgical Obstétrical de la Côte d’Opale (CMCO) touché par une grève « illimitée » lancée par la CGT et la CTTC. Lundi 2 juin, ils étaient environ deux cents, de la clinique privée et d’entreprises du Boulonnais à manifester comme ils le font régulièrement depuis le 19 mai.

La direction, qui défend la position des principaux actionnaires du groupe Vivalto (Crédit Mutuel, Crédit Agricole et BNP-Paribas) est à nouveau restée sourde aux revendications des salariés. À la décision de liquider la maternité « pas assez rentable » en septembre s’ajoutent des propositions indignes de reclassement et une surdité ahurissante aux propositions et revendications des hospitaliers.

Investir dans la qualité ou engraisser les banquiers

Une intransigeance qui fait s’ouvrir les bouches et révéler des situations qui devraient provoquer, pour le moins, des enquêtes des affaires sanitaires et sociales. Ainsi, au service cardiologique «  des prises sortent des murs, les néons sont prêts à tomber sur les patients (…) » « des patients se plaignent de l’état des locaux, la vétusté(…) », «  Il faut courir d’une chambre à une autre pour trouver un pied à perfusion » « Il devrait y avoir ce qu’il faut dans chaque chambre » ; et dans toute la clinique « on n’a pas de matos, pas de collègues pour venir nous aider ». Plusieurs autres soignants notent aussi la baisse de qualité des repas ; en gros tout un ensemble de remarques « que la direction ne veut pas entendre » et qui pourraient être opposées à la CMCO bénéficiant de la certification ISO 9001 par la Haute Autorité de Santé et l’Afnor (Organisme français de normalisation). Un management de la qualité qui contraint à agir pour améliorer ce qu’on a décidé et constaté, notamment basé sur les besoins du client, l’implication du personnel et des relations avec les parties intéressées (salariés, patients).

On en est loin !

La nécessité de faire converger les luttes

S’ajoutent à cela des salaires bien inférieurs à ceux d’autres secteurs de santé pour rendre la situation explosive. Comme ça ne suffisait pas, « on » (on ne sait qui ; mais à qui profite la rumeur ?) murmure que, quitte à faire des économies, les banquiers-actionnaires de Vivalto-St Martin-Boulogne pourraient transférer des activités chez Vivalto-Coquelles, soit la Clinique des 2 Caps, près de Calais. On n’en est pas là et les soignants de CMCO bénéficient du soutien de la population et des syndicats, notamment de la CGT et de la CFTC, ainsi que des élus et partis de gauche. Reste à mobiliser suffisamment pour contraindre les banquiers-actionnaires à revoir leur plan de liquidation partielle.

C’est ce qui manque encore, mais on n’en est qu’au début du conflit. Les arguments ne manquent pas pour montrer la nécessité de développer l’offre de soins sur la Côte d’Opale, de Berck à Calais -voire Dunkerque- au lieu de la réduire.

Clinique des Acacias à Cucq : la mobilisation a payé !

Un exemple devrait inspirer les forces progressistes, celui de la Fondation Hopale dont le directeur -candidat du Rassemblement national- avait décidé de liquider les services opératoires de la Clinique des Acacias, à Cucq-Trépied (près du Touquet) pour les transférer à la Clinique Calot de Berck-sur-Mer qu’il dirige.

Un collectif de praticiens, rassemblant plusieurs centaines de médecins, kinés, pharmaciens et infirmières du secteur de Montreuil-Berck avait alors alerté la population, lancé une pétition et interpellé la direction de la Fondation Hopale. En quelques semaines d’action pour appuyer le projet présenté par le collectif des médecins de la clinique, la direction de la Fondation Hopale a finalement accepté de pérenniser l’activité opératoire à Cucq.

En informant largement la population et les praticiens de la santé du secteur, ce collectif a permis de recruter une équipe complète et expérimentée d’anesthésistes, l’arrivée d’un spécialiste en chirurgie plastique reconstructrice et esthétique et mis en place un plan pour garantir un retour à l’équilibre financier dès 2026, assurant ainsi la viabilité à long terme de la clinique. En sortant de leur clinique, les personnels de santé de la Fondation Hopale ont fourni un bel exemple de la voie à suivre.

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