Reçue à Matignon la semaine dernière, elle affirme n’avoir obtenu « aucune concession » sur les lignes rouges : retraites, fiscalité, justice sociale. « Il ferme la porte sur les retraites et sur la taxe Zucman, ne s’engage toujours pas clairement sur les autres sujets », a-t-elle déploré dans La Tribune Dimanche.
Le message est clair. La CGT ne retournera à Matignon qu’« après la mobilisation du 2 octobre », forte des rapports de force déjà créés lors des grèves du 10 et du 18 septembre. « Nous maintiendrons la pression jusqu’à la fin des débats parlementaires, en décembre, pour que le budget soit sous la surveillance du monde du travail », a-t-elle insisté sur France Inter.
Sophie Binet assure que, sans inflexion, Sébastien Lecornu « rejoindra à son tour le cimetière des Premiers ministres d’Emmanuel Macron ». Une pique visant la succession de gouvernements balayés par la contestation sociale depuis deux ans, notamment sur les retraites : « À chaque fois, c’est tout changer pour ne rien changer. On en a ras-le-bol de cette nuit sans fin du macronisme avec ce disque rayé. »
La question fiscale en ligne de mire
Au cœur des revendications, la fameuse « taxe Zucman », impôt de 2 % sur le patrimoine des ultra-riches (plus de 100 millions d’euros) qui pourrait rapporter 40 milliards d’euros par an. Adoptée par l’Assemblée en février, rejetée au Sénat en juin, elle symbolise pour la CGT une bataille de justice fiscale. Le syndicat rappelle que les particuliers paient aujourd’hui les trois quarts des recettes fiscales, tandis que de grandes entreprises et fortunes déplacent leurs bénéfices vers les paradis fiscaux.
Dans un communiqué publié le 24 septembre, la CGT dénonce une fiscalité où « les riches ne paient pas plus que les pauvres », entre TVA régressive et revenus du capital largement défiscalisés. Elle propose de renforcer la progressivité de l’impôt, d’harmoniser la taxation du travail et du patrimoine, et de doter l’administration de moyens contre la fraude.
Sur le terrain, la confédération a ouvert une caisse de solidarité pour soutenir les grévistes en lutte. « Jamais le gouvernement n’a été aussi faible. Nous pouvons gagner des mesures de justice fiscale et sociale. »
La séquence qui s’ouvre est donc cruciale. Entre l’exigence d’un budget « sous la surveillance du monde du travail » et la bataille pour la justice sociale, la CGT parie sur l’amplification des mobilisations. Rendez-vous le 2 octobre pour la suite du bras de fer.