La Belgique n’avait pas connu un tel mouvement depuis 1996.
Que prévoit le décret-programme ?
Le dialogue est de plus en plus difficile entre les enseignants et la ministre de l’Éducation Valérie Glatigny. Le gouvernement MR-Les Engagés en Fédération Wallonie-Bruxelles a voté le 11 décembre dernier, un décret-programme annonçant des réformes d’austérité.
Pour l’enseignement qualifiant (équivalent du collège français) le gouvernement prévoit des suppressions de classes et une réduction de 3 % des moyens alloués à l’encadrement, soit près de 500 emplois en moins. À cela s’ajoute une attaque aux élèves désireux de se perfectionner dans une septième année secondaire qui voient certaines classes fermées. Dans le système éducatif en Belgique francophone, les élèves ont la possibilité de faire une septième année avant d’entrer (ou non) dans l’enseignement supérieur. Cette année supplémentaire est une véritable opportunité dans l’enseignement professionnel et technique, puisqu’il permet une meilleure spécialisation dans un domaine. Pour les élèves qui souhaitent consolider leurs bases, elle constitue une préparation précieuse à l’entrée dans le supérieur.
Autre mesure vivement contestée par les syndicats : l’interdiction pour les élèves majeurs ayant été en situation de décrochage scolaire de se réinscrire en troisième ou quatrième secondaire.
Le budget alloué à l’enseignement supérieur connaîtra l’une des plus importantes coupes budgétaires de son histoire : -6,5 millions d’euros. Autre coup dur : le logement estudiantin ne va plus recevoir les aides qu’il connaissait jusqu’alors.
« L’enseignement n’est pas une dépense mais un investissement ! »
Le syndicat enseignant SETCa-SEL souligne qu’une enquête administrative a révélé que près de 75 % des établissements scolaires ne respectent pas entièrement la législation sur les frais scolaires. Malgré cela, la ministre a décidé de suspendre le service d’inspection des frais scolaires.
C’est donc un bras de fer qui concerne tout le monde : les décisions de la ministre Glatigny dégradent les conditions de travail des enseignants et des élèves. Certes, certaines mesures concernent directement le corps professoral, mais le projet va bien au-delà : il constitue une véritable offensive visant à libéraliser progressivement l’école. En supprimant les soutiens et accompagnements pédagogiques, les premières victimes seront les élèves issus des classes populaires, qui sont déjà souvent orientés vers les filières techniques et professionnelles, ce qui accentue la reproduction sociale dans le milieu scolaire. Pourquoi un enfant d’ouvrier ferait-il des études ?
Cette grève a pris de court le gouvernement, qui refusait jusqu’alors de dialoguer avec les travailleurs. Face au succès de la première journée, il n’a désormais d’autre choix que d’écouter.
Valérie Glatigny a tenté de défendre sa réforme, en énonçant une « phase de transition » et de « dialogue ». Mais alors, pourquoi ne pas avoir discuté avec les acteurs concernés avant d’imposer ces mesures ? C’est la question que se posent les syndicats, déterminés à poursuivre la mobilisation dans la rue le 13 février prochain. Cette journée ne concernera pas seulement les enseignants, mais l’ensemble de la classe travailleuse, unie pour exiger « le renforcement et une meilleure valorisation des services publics ».