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John Roberts Images/shutterstock
Un savoir-faire fout le camp de Boulogne-sur-Mer

Piccalilli c’est fini !

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Mise à jour le 1er novembre 2024
Temps de lecture : 5 minutes

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Emploi

Les inondations qui frappent la France depuis un an ont eu de sérieuses conséquences économiques sur les familles, sur l’agriculture et sur l’emploi industriel. Cela n’empêche pas certains patrons d’en profiter pour restructurer. C’est le cas de L’Atelier des Épices et Condiments (AEC) à Saint-Étienne-au-Mont.

Propriété de la société Charbonneaux-Brabant, qui dispose de 9 usines en France et 2 en Italie, AEC est l’héritière d’une activité moutardière fondée en 1956 dans le quartier de Pont-de-Briques, à Saint-Etienne-au-Mont, près de Boulogne-sur-Mer.

En 2023, 4 inondations ont frappé ce site de 4.370 m² situé au bord de la Liane, au point de créer des conditions de travail dangereuses et l’arrêt de la production deux mois durant.

Les patrons ont choisi la liquidation

Brigitte Passebosc, la conseillère départementale et maire communiste est intervenue immédiatement, en même temps que pour les centaines d’habitants dont les maisons ont été ravagées, pour trouver une solution de maintien de l’activité à Saint-Étienne-au-Mont.

« La maire a bien fait son travail, estime John Warmel, délégué CGT, elle a proposé d’autres implantations, des aides. La direction a prétexté des difficultés et des coûts pour déménager le matériel et défend la délocalisation de la production à Reims ; à 300 km ! Or, il y a plus de difficultés et de coûts à déménager à 300 km qu’à côté de Saint-Étienne. Ce que la société veut, c’est regrouper les productions et, au passage, liquider les 15 emplois. Ils le font proprement, mais ils liquident et nous transforment en chômeurs. Une seule salariée est partie sur Reims. Tous les autres ont des maisons qu’il faut finir de payer, des enfants qui poursuivent leurs études... On ne peut pas liquider toute une partie de sa vie sur un claquement de doigts des patrons  ».

Ces derniers mois ont été consacrés à une production très poussée de manière à constituer des stocks permettant de faire la soudure entre l’arrêt et la reprise de production. Près de 2.500 tonnes de moutarde et de sauce Piccalilli étaient produites pour 4,38 millions de chiffre d’affaires. Si 54 % étaient vendues en France, 46% partaient à l’étranger, prioritairement en Europe, mais aussi en Russie, Israël, USA.

Un savoir-faire régional flingué !

Parmi ces productions, le Piccalilli de marque Crown’s, particulièrement apprécié des Britanniques. Si le Piccalilli ne représentait que 6 % de la production, c’est un produit d’appel, une référence outre-Manche. Acheter le Piccalilli Crown’s c’est avoir des chances d’acheter la moutarde de la même fabrication, celle d’AEC produite à partir de la Sinapis Alba (graine blanche) ayant un goût doucereux reconnaissable.

Ce marché est d’ailleurs tellement porteur que les patrons de Charbonneaux-Brabant ont proposé aux moutardiers, qu’ils licencient, de former ceux qui les remplaceront à Reims. Et toujours avec des propositions intéressantes. C’était sans compter sur la fierté des ouvriers qui ont tous refusé. « Ils nous prennent pour qui ? » conclut John Warmel pour qui « tout n’est pas à vendre  ».

Un problème que va devoir gérer le marketing de l’entreprise pour faire passer la nouvelle Crown’s pour de la vraie Crown’s. Le savoir-faire boulonnais et sa spécialité moutardière étant uniques -comme chaque type de moutarde- les amateurs feront vite la différence. En attendant, pour des questions de gros sous, des patrons ont à nouveau liquidé un savoir-faire régional historiquement reconnu.

Le Piccalilli : une culture !

Quasi-inconnue ailleurs en France, la consommation du Piccalilli est une marque d’appartenance culturelle propre aux natifs des Hauts-de-France, de Belgique, des États-Unis et de Grande-Bretagne.

Le Piccalilli apparaît en Angleterre en 1772, avec la découverte de la pratique indienne de conservation des légumes dans un mélange d’épices et de vinaigre, qui donnera les pickles. Avec le temps, chaque région et pays a modifié la recette selon les légumes locaux disponibles et les habitudes gustatives. Plus aigre ou plus doux, plus ou moins sucré, avec ou sans gros morceaux de légumes ; le plus souvent avec du vinaigre de malt et, à défaut, de vinaigre blanc ; et des moutardes choisies selon leurs goûts.

En France et en Belgique, on en accompagne les frites, aux USA les hot-dogs, en Grande-Bretagne le Ploughman’s lunch (pain, beurre, pickles, fromages Cheddar et Stilton). En France, on en trouve aussi sous les marques Astra, Bénédicta, Heinz, Lesieur, Maille, Ducros. Toutes avec un goût différent.

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