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Les salariés de la SNCF se mobilisent contre la privatisation

« Les cheminots ont toujours été du côté des Français »

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Mise à jour le 29 novembre 2024
Temps de lecture : 6 minutes

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Luttes SNCF Syndicalisme Emploi

Ce jeudi 21 novembre, les syndicats de cheminots appellent à une journée d’action contre « la liquidation » de Fret SNCF et l’avenir des salariés qui seront transférés dans les filiales Hexafret (pour le transport des marchandises) et Technis (pour la maintenance). Ils revendiquent aussi pour leurs salaires. La direction craint un mouvement dur en décembre. Le point avec Jérôme Declercq, secrétaire régional adjoint CGT cheminots Nord – Pas-de-Calais.

Quelques jours avant le mouvement des cheminots, le président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, s’exprime dans la Tribune Dimanche pour vous demander de « rester du côté des Français ». Que vous inspire cette réflexion ?

Jérôme Declercq : M. Farandou a l’air de découvrir notre profession. Les cheminots ont toujours été du côté des Français, même quand il y a des grèves interprofessionnelles. D’ailleurs, il le reconnaît lui-même quand il rappelle notre engagement pendant les Jeux olympiques de Paris et pendant la crise du Covid.

Dans le cas présent, il craint une grève « longue et dure » qui empêcherait les Français de « rejoindre leur famille pour fêter Noël. Surtout au moment où la France connaît une situation économique compliquée avec des plans sociaux (…) et des emplois menacés.  »

J.D : Ce ne sont pas les syndicats de cheminots qui font les calendriers. Nos revendications portent sur la privatisation de Fret SNCF, sur la mise en concurrence du TER Hauts-de-France à partir du 15 décembre et sur des sujets récurrents comme l’entretien des infrastructures. Concernant le fret, et la liquidation de Fret SNCF, il refuse le moratoire que nous demandons. Il se réfugie derrière le gouvernement qui refuse toute marche arrière et qui a signé un accord avec la Commission européenne. La liquidation est prévue pour début 2025. Donc, je le répète, ce ne sont pas nous qui décidons du calendrier.

M. Farandou et le gouvernement font du « cheminot bashing » ?

J.D : Ils vont tout faire pour rendre le mouvement impopulaire en utilisant la période des fêtes. Il y a deux semaines, le philosophe Michel Onfray est allé encore plus loin en réécrivant l’Histoire. Il a accusé les cheminots de collaboration avec l’ennemi pendant la Seconde Guerre mondiale !

Ce mouvement commence ce jeudi 21 novembre avec une journée de grève. Outre les perturbations sur les lignes, quelles sont les actions prévues ?

J.D. : Il y aura des rassemblements sur les différents sites ferroviaires avec des piquets et des assemblées syndicales. Si la direction et le gouvernement ne répondent pas favorablement à nos revendications, nous verrons alors avec les cheminots quelles suites il conviendra de donner en décembre.

Précisément, le président de la SNCF prétend que la grève est évitable parce qu’il affirme que les postes qui disparaîtront avec la transformation de Fret SNCF seront compensés et qu’ainsi personne ne sera licencié. Vous y croyez ?

J.D : Non, pas une seconde. La liquidation de Fret SNCF va conduire à la suppression de 500 postes et Jean-Pierre Farandou s’engage à reclasser chaque cheminot concerné. Il est gentil. Il annonce que certains iront dans les activités TER. Si on regarde la situation dans les Hauts-de-France, avec la mise en place de l’Étoile d’Amiens, il y a déjà eu un appel d’offres. Dans quelles activités la SNCF va-t-elle placer les cheminots qui perdent leur poste ? Je pense qu’on va plutôt les retrouver, en tout cas pour ce qui concerne cette région, à l’Agence territoriale mobilités (ATM) qui est en quelque sorte une agence interne pour l’emploi. Il dit aussi que les cheminots ne perdront pas leur statut. Là, il joue avec les mots. Après leur embauche dans l’une des deux filiales privées, Hexafret ou Technis, ils garderont leur statut pendant 15 mois. Au-delà, ils le perdront.

Les revendications portent aussi sur la négociation des salaires. À quoi faut-il s’attendre ?

J.D : À écouter le patron de la SNCF, cela s’annonce plutôt mal. Il commence par dire que la rémunération des cheminots a progressé de 17 % en moyenne, voire de 21 % pour les bas salaires, entre 2022 et 2024. Oui, mais cette progression était liée à l’inflation et prend plusieurs critères en compte. Tout le monde n’en profite pas de la même manière parce que cela dépend du déroulement de carrière. Et comme l’inflation baisse, il faut imaginer que la négociation sera compliquée.

Craignant une grève dure, Jean-Pierre Farandou appelle à nouveau les cheminots à la responsabilité en soulignant le coût que cela engendrerait pour le groupe. Qu’en pensez-vous ?

J.D : Il joue sur la corde sensible en disant qu’une journée de grève coûte 20 millions d’euros et que deux jours de grève reviennent à renoncer à l’achat d’une rame TGV. Je ne sais pas où il va chercher ces chiffres. Mais je peux dire qu’un cheminot gréviste n’est pas payé pour ses journées de grève, contrairement à ce qu’on laisse souvent entendre. Ces salaires ne sont donc pas versés par la SNCF. Ensuite, je n’entends rien concernant les investissements nécessaires, sur le réseau vieillissant, qui n’arrivent jamais en temps et en heure. Concernant le mouvement, une négociation est programmée le 27 novembre, avec les syndicats, sur les conditions de transfert des cheminots de Fret SNCF vers les filiales. Rien n’est pour l’instant décidé quant à ce que nous ferons en décembre. Mais on voit bien où mène, dans le fret comme pour le transport de voyageurs, la mise en concurrence.

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