Tout ça sans perdre un rond !
Parce qu’il faut être clair. Tout le monde plaint Auchan et la famille Mulliez, victimes de l’e-commerce, de la baisse du pouvoir d’achat, de l’inflation et peut-être — mais un peu seulement – de quelques erreurs de gestion. Mais personne, ou si peu, se demande comment la famille qui pèse 38 milliards d’euros a pu verser des millions de dividendes aux 800 actionnaires -tous parents- alors qu’il paraît que la baraque prend l’eau de toute part ?
Les Mulliez, grands gagnants du qui perd gagne
Alors oui, les profits ont baissé, notamment grâce à un tour de passe-passe qui les a fait artificiellement chuter.
Pour éviter que la concurrence ne s’installe, ou perdure, Auchan a racheté 98 supermarchés Casino à travers la France.
Ainsi, à Bordeaux, il compte 10 points de vente et de retraits et a racheté 5 magasins Casino.
Autant de patrimoines bâtis qui n’apparaissent plus dans les profits mais qui peuvent se revendre -ou leurs terrains viabilisés- en cas de fermeture.
On peut comprendre la volonté d’Auchan de se développer dans certaines régions où la marque est quasi-inconnue au contraire des Leclerc et des U. C’est vrai dès qu’on passe Orléans.
Mais les investissements en rachats de supermarchés n’ont pas permis à l’enseigne de s’imposer, les « petits » magasins de proximité Auchan étant -et de très loin- nettement moins intéressants que les hypers du même nom.
Dans certaines autres, c’est de la boulimie qui vise à empêcher l’implantation d’autres enseignes.
Cette stratégie avait été dénoncée encore l’an dernier par les syndicats.
Mais, comme son échec coûte cependant fort peu à la famille, les syndicalistes et les salariés se sont heurtés à l’intransigeance des actionnaires qui sont même allés jusqu’à bloquer les négociations annuelles obligatoires (NAO), allant jusqu’à proposer la suppression d’avantages acquis depuis des décennies.
Obsédés par les profits « ils n’écoutent plus rien… »
Jetée aux orties l’apparente bienveillance paternaliste des Mulliez, jusqu’à refuser d’entendre les propositions intelligentes des salariés qui pointaient les défauts de la nouvelle organisation. Ignorées les propositions des hôtesses des caisses automatiques, où le client remplace la caissière, pour éviter les fraudes qui coûtent 100 millions l’an ; pas écoutées les remarques des personnels des rayonnages qui font remarquer les erreurs d’étiquetage de plus en plus nombreuses et l’absence de communication des informations entre services.
Une direction sourde aux remarques les plus sensées comme celles sur l’augmentation injustifiée de certains produits, qui font fuir les clients ou sur des aberrations qui voient l’huile d’olive bas de gamme Pouce (marque Auchan) vendue plus cher que des huiles d’olive bio certifiées…
« Ils n’écoutent plus rien... », les caissières les plus dévouées à l’entreprise en sont désespérées et c’est plus d’une fois que les clients compatissent avec elles de cette situation.
Les Mulliez semblent s’en soucier comme d’une guigne. Au fond, ils vont perdre un peu. Et encore…
Plus de 3 000 emplois supprimés
Dans cette course à la recherche de profits immédiats les plus rentables, ce sont les salariés qui vont payer la facture.
2.389 salariés jetés à la rue avec la fermeture d’Auchan E-Commerce (AECF) à Lille (Nord), Mions (Lyon) et Chilly-Mazarin (Essonne) ; la fusion des services d’appui ; la fermeture de magasins My Auchan ; des hypers de Woippy (Metz), Clermont-Ferrand 2 (Puy-de-Dôme) et Bar-le-Duc (Meuse) ; du supermarché d’Aurillac (Cantal) ; et de 915 emplois dans l’ensemble des hypermarchés d’Auchan.
Les retombées sur l’emploi sont aggravées par la disparition prévisible de 800 prestataires extérieurs de service.
En tout, plus de 3.000 emplois seront concernés à ce qu’on estime aujourd’hui.
Une décision qui devrait entraîner des réactions dans le personnel et les syndicats.