Dernier avatar des attaques contre les conquêtes sociales d’après la Libération, la récente réforme des retraites. Souvent réduite au débat sur l’âge de départ - à 60, 62, 64, 67 ans -, elle n’apparaît pas encore suffisamment pour ce qu’elle est : une étape importante destinée à faciliter l’objectif final que serait la disparition de l’ensemble de notre système national de solidarité et de Sécurité sociale.
Chaque année, ce sont quelque 332 milliards d’euros de pensions qui échappent, en grande partie, aux spéculateurs financiers sur les 848,9 milliards d’euros consacrés à la protection sociale.
La journée d’action du 20 mars prochain ne concerne donc pas que les retraités, mais tous ceux qui vivent de leur travail.
L’unité d’action nécessaire
Depuis quelques années, un front uni des syndicats s’était formé pour ce combat, illustrant naturellement ce que souhaite la majorité des Français. 68 % sont désormais opposés à cette réforme (dernier sondage IFOP pour le JDD) ; un pourcentage qui augmente chaque mois. On comptait donc retrouver toutes les organisations syndicales dans l’action, dans la rue et dans les entreprises le 20 mars.
Las, ce jour-là, le syndicat Force ouvrière a choisi de ne pas mêler ses forces à l’intersyndicale constituée depuis plusieurs années, contre la dernière réforme des retraites, mais aussi pour des avancées sociales dans les domaines du niveau des pensions, la santé publique, les salaires…
L’organisation syndicale réformiste dont le mot d’ordre sur la question est « abrogation » entend peut-être marquer son originalité par rapport aux autres forces qui ont choisi de participer, sans illusions, au « conclave » sur les retraites proposé par François Bayrou. On n’en sait trop rien, F.O. ne s’exprimant pas sur son absence dans cette action alors qu’elle maintient sa participation à d’autres initiatives de luttes dans les semaines à venir.
La grande peur de la droite et du Medef : les grèves…
Cette absence, sans doute momentanée, n’empêche pas la mobilisation des autres forces syndicales, politiques et associatives puisque la journée du 20 mars devrait compter quelque 200 rassemblements à travers toute la France.
Lors de cette journée de mobilisation, les manifestants réclameront notamment le développement de la protection sociale, l’augmentation du pouvoir d’achat des retraités, une revalorisation immédiate des pensions de retraite de 10 %, un relèvement des minimums garantis de 300 € pour les petites retraites.
De leur côté, les communistes, extrêmement actifs dans cette mobilisation, appellent à agir « pour l’augmentation immédiate de 10 % de toutes les pensions et pour une loi pour rétablir la retraite à 60 ans à taux plein avec une pension à 75 % du revenu net d’activité.* »
Les manifestations du 20 mars créeront-elles le rapport de force suffisant à faire reculer le gouvernement et le patronat ? Pas sûr, mais elles y contribueront. Ce serait surtout l’irruption de grèves frappant les productions et les services qui feraient la différence. Là est la grande peur de la droite et du Medef dont les porte-paroles de CNews se font l’écho quotidien. En 1995, c’est sur un mur de 5 millions de jours de grève que la réforme « Juppé » s’était fracassée. Reste pour les salariés à retrouver ce chemin qui, en s’amenuisant, a permis depuis la dernière décennie - sous Hollande et Macron - des régressions et un blocage social et politique.
Celui qui se bat peut perdre, celui qui ne se bat pas a déjà perdu - Bertolt Brecht