Rappel : Le Premier ministre, comme il s’y était engagé, a demandé aux partenaires sociaux de retravailler la question des retraites en vue, éventuellement, d’améliorer la réforme de 2023. Pour qu’il dispose de toutes les données, il a demandé à la Cour des comptes de se pencher sur les perspectives financières des caisses de retraites. Avant les résultats de cette « mission flash », il prédisait un déficit de 55 milliards d’euros et a évoqué l’existence d’un « déficit caché ». Deux affirmations démenties par le rapport qui vient d’être rendu.
Ce rapport de la Cour des comptes rétablit le chiffre du déficit à 15 milliards d’euros en 2035 puis 30 milliards en 2045. D’ici là, indique l’institution, le déficit devrait atteindre 6,6 milliards d’euros cette année et demeurerait stable jusqu’en 2030. Cette stabilité s’expliquerait par l’effet de la réforme en cours. À terme, d’ici dix ans, l’avenir semble donc préoccupant en raison, notamment, de l’évolution démographique et de la situation économique et du chômage à cette échéance.
Dans cette logique, les partisans d’une abrogation de la loi de 2023 et d’un retour à l’âge légal de départ à 62 ans se voient opposer une musique d’un tout autre ordre : la mise en place, au moins partielle, d’un système par capitalisation.
Haro sur les retraites !
Le système solidaire des retraites est en déficit… vite, vite passons à la retraite par capitalisation ! répètent à l’envi les ministres et autres responsables de droite. Car pour le Medef et la CPME, le système par répartition « irait droit dans le mur ». Serions-nous vraiment au bord de la catastrophe ?
La réalité, c’est 338 milliards d’euros de pensions servies en 2024 avec un déficit de 6 milliards d’euros, soit 1,8 % du total. La France n’aurait plus les moyens de payer les retraites… Sur un PIB (produit intérieur brut) de la France qui s’élève à 2 565 milliards d’euros, le déficit des retraites représente 0,2 %.
On peut alors se demander où est la catastrophe ! Alors que François Bayrou avait annoncé un déficit abyssal de 55 milliards d’euros, bien peu sont ceux qui évoquent les rapports du COR (Conseil d’orientation des retraites). Quel que soit le scénario envisagé, ce dernier prédit que le poids des retraites se situera toujours entre 13 % et 14 % du PIB jusqu’en 2070 et pourrait même descendre jusqu’à 11,4 % selon le scénario le plus pessimiste.
Utiliser une part des aides accordées au patronat
Comme dit le proverbe : « Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. » Alors, comment combler ce déficit et, dans le même temps, revenir sur les 64 ans ?
Selon un rapport de l’Inspection générale des finances, les aides versées aux entreprises par l’État et la Sécurité sociale s’élevaient déjà à 88 milliards € en 2022... sans aucune contrepartie exigée et quasiment sans effet sur l’emploi et les salaires.
Le déficit des retraites de 6,6 milliards d’euros représente à peine 7 % des aides versées… à qui fera-t-on croire que ce déficit est une catastrophe… ? Ne pourrait-on utiliser une part de ces aides qui, pour une large part, ne servent qu’à verser des dividendes aux actionnaires pour améliorer les systèmes de retraite (retour aux 60 ans, pénibilité, petites retraites, égalité hommes/femmes…) ?