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Inouï

Les 836 minutes du gouvernement Lecornu

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Sénat Assemblée nationale Gouvernement Macron

Proprement inouï. Le gouvernement Lecornu aura duré 836 minutes. Sa composition annoncée dimanche à 19 h 45, le gouvernement a cessé d’exister ce lundi à 9 h 41, avec l’annonce de la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu, nommé à Matignon il y a moins d’un mois par Emmanuel Macron.

Il aura donc fallu attendre près d’un mois pour connaître la composition du nouveau gouvernement, lequel ressemblait comme un jumeau à celui de François Bayrou, renversé par l’Assemblée nationale le 8 septembre dernier.

Parmi les dix-huit ministres nommés dimanche, douze étaient membres du gouvernement Bayrou, dont les principaux : Retailleau à l’Intérieur, Borne à l’Éducation nationale, Darmanin à la Justice, Valls aux Outre-mer, Vautrin au Travail, Dati à la Culture, etc.

Réunis dans la journée de dimanche, Les Républicains, divisés, avaient finalement ratifié leur participation à l’exécutif. Or, à peine annoncée la composition de celui-ci, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, déclarait que le compte n’y était pas. En coulisse, on indiquait que l’entrée au gouvernement de Bruno Le Maire comme ministre des Armées aurait été la goutte d’eau qui aurait fait déborder le vase. L’arrivée de l’ancien locataire de Bercy aurait été cachée à Retailleau.

On peine à le croire, mais aujourd’hui, en macronie, tout est possible – l’imbroglio de ce matin en témoigne. Pourtant, Retailleau a passé une heure et demie dimanche après-midi en tête-à-tête avec Lecornu à Matignon. De quoi ont-ils parlé, sinon de la composition du gouvernement, quelques minutes avant sa présentation ?

Plus vraisemblablement, le très mauvais accueil fait à la décision de participation à la base, ainsi que chez les cadres et élus des Républicains, a pu pousser Retailleau à changer son fusil d’épaule avant que Wauquiez, en embuscade, ne profite de la situation.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, on n’en sait guère plus. Macron ne s’est pas exprimé. Après avoir accepté la démission de Lecornu, il est allé au Panthéon participer à la répétition de la panthéonisation de Robert Badinter prévue le 9 octobre. Incroyable !

Or, qui est responsable de la « crise sans précédent » (Fabien Roussel) dans laquelle la France est plongée, sinon Macron, avec sa dissolution du 9 juin 2024 et son refus d’en assumer les conséquences, à savoir reconnaître les résultats des législatives qui ont suivi ?

Depuis son accession au pouvoir, Macron n’a pas cessé d’afficher son mépris des institutions, notamment du Parlement, des parlementaires et de leurs électrices et électeurs. Il s’est plu en « Jupiter », alors qu’il joue les César en oubliant le sort de ceux qui, avant lui, ont revêtu ces habits : Napoléon « le Petit » (Hugo), Mac Mahon, Boulanger et consorts.

D’un bout à l’autre, les quinquennats d’Emmanuel Macron auront été catastrophiques. Pour la France et son peuple, pour la démocratie. D’autres, en revanche, en auront bien profité. Sous le règne de l’ancien banquier de Rothschild, ils se sont grassement engraissés.

Car, sous l’apparente confusion dans laquelle le pays est maintenu, il y a bien, depuis 2017, un projet à l’œuvre : celui d’un capitalisme d’autant plus arrogant et prédateur qu’il est malade. Macron n’est autre que son fondé de pouvoir cynique. Certes, il n’a aucune expérience politique, aucune compétence dans ce domaine non plus et, depuis la dissolution de l’été 2024, plus de légitimité non plus.

En tout cas, « Jupiter » aura bien achevé la Ve République. Si elle n’est pas morte ce matin, elle est à l’agonie.

Que va-t-il faire maintenant, Macron ? Renommer un des siens à Matignon ? À quoi bon ! Choisir un Premier ministre à gauche ? Il est bien tard, mais qui sait ? En tout cas, il est peu probable, dans les conditions qui sont celles du Parlement, que l’expérience dure suffisamment pour être probante. Dissoudre l’Assemblée ? Cela semble inéluctable. Quant au départ de Macron, que réclament les Insoumis de Mélenchon, il n’est pas certain que cela ouvre, en soi, un vrai chemin pour restaurer la démocratie.

Au-delà, il convient, nous semble-t-il, de poser fermement la question de l’élection d’une assemblée constituante, au scrutin proportionnel.

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