Rien ne va plus à la tête de la Maison France. La décision de Sébastien Lecornu de renoncer à gouverner quelques heures seulement après la proclamation de son gouvernement fait figure de jamais-vu. Ce dimanche soir, trois semaines après sa nomination à Matignon, le Premier ministre présentait un gouvernement qui, aussitôt, décevait toutes les formations politiques. La rupture annoncée n’était pas au rendez-vous. Le maintien à leurs postes ministériels de Bruno Retailleau, Gérald Darmanin, Élisabeth Borne, Rachida Dati, Catherine Vautrin, Manuel Valls, etc., montrait qu’au final, rien ne changeait. Le retour de Bruno Le Maire, dont l’échec catastrophique à l’Économie reste tout frais dans les mémoires, faisait figure de provocation.
Dès sa reconduction à l’Intérieur, le chef des Républicains, Bruno Retailleau, faisait part de son mécontentement (il exigeait un tiers des portefeuilles pour son parti). LR s’apprêtait à démissionner en fin de matinée, ce lundi. Lecornu a décidé d’anticiper et de remettre la démission de son gouvernement avant 10 h ce matin. Quelques minutes auparavant, sur France Inter, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, laissait très peu de doute quant à l’intention de censurer le nouveau gouvernement dès cette semaine. En embuscade, le Rassemblement national appelle à la dissolution de l’Assemblée nationale et ne s’est jamais senti aussi proche du pouvoir.
La surdité d’Emmanuel Macron devant l’attente du peuple, qui demande de la justice sociale et fiscale, arrive au bout d’une logique dévastatrice. La crise politique se transforme ce lundi matin en crise de régime. Le président est seul, face à ses responsabilités et aux conséquences de son entêtement.