Scène surréaliste : Ursula von der Leyen annonçant un compromis commercial express dans un golf écossais appartenant à Donald Trump. Moins de 48 heures de négociations. En échange de la suspension de droits de douane massifs (30 % envisagés par Washington), l’Union européenne accepte des concessions inédites : un droit de douane unique à 15 % sur les exportations européennes vers les USA (contre moins de 5 % jusqu’ici), 750 milliards de dollars d’importations d’énergie fossile américaine, 600 milliards d’investissements européens redirigés vers les États-Unis, et des achats d’armes en masse à des fournisseurs américains.
Pour le PCF, c’est un tournant d’une extrême gravité. Dans un communiqué publié le 31 juillet, le parti dénonce « un prétendu “accord” d’une violence rare », qui constituerait « une véritable déclaration de guerre contre les peuples européens, contre la paix, contre l’environnement ».
Un alignement imposé, une démocratie piétinée
Ni consultation publique, ni vote parlementaire, ni mandat clair : l’accord Trump–von der Leyen s’est noué hors de tout processus démocratique. Le PCF dénonce un « déni démocratique aux conséquences gravissimes », et rappelle que la présidente de la Commission européenne « n’a pas le pouvoir » de mener de telles discussions qui engagent l’ensemble des États membres.
Surtout, les conséquences économiques s’annoncent désastreuses. L’alignement énergétique sur les États-Unis va pérenniser des prix élevés pour les ménages et les entreprises, accroître la dépendance au gaz de schiste américain – « beaucoup plus émetteur de CO₂ que le gaz conventionnel » –, et saboter les objectifs européens de décarbonation. L’accord pourrait également « conduire tout droit l’Europe à la récession », avec à la clé « des licenciements, des fermetures de sites, des délocalisations » et une pression encore plus forte sur les salaires.
« L’impérialisme américain n’a pour autre objectif que de liquider l’économie européenne », tranche le PCF, qui accuse les dirigeants européens de complicité dans ce démantèlement organisé.
Sans surprise, les flèches du PCF visent aussi le gouvernement français. Le parti rappelle que « le Premier ministre François Bayrou et son ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau […] portent la responsabilité de cette déroute » pour avoir soutenu la reconduction de von der Leyen. Les « larmes de crocodile » versées après coup n’effacent pas l’alignement politique, ni les fermetures d’usines qui l’ont précédé.
Le communiqué désigne également les financiers français – « Bernard Arnault en tête » – comme complice actif de cet abandon, ainsi que l’extrême droite, qui « soutient cette politique » et se tient prête à « toutes les compromissions avec le nationaliste Trump ».
« Que les peuples reprennent la main »
Au-delà de la dénonciation, le PCF appelle à une riposte large et organisée. Il propose de construire un « large front des nations et des peuples », en s’appuyant sur les résistances existantes dans d’autres régions du monde : « D’autres pays résistent, tels le Brésil, le Mexique ou la Chine. La France doit aussi s’engager. »
Le parti en appelle à une mobilisation démocratique de fond : « Chaque nation de l’UE, comme pour la ratification d’un traité, a le pouvoir de dire NON ! »
Pour le parti de Fabien Roussel, l’enjeu est clair : « L’avenir de la France, de notre République est en danger. » Refuser l’accord Trump–von der Leyen devient un impératif de souveraineté nationale et populaire, de justice sociale et de paix.
« Il faut siffler la fin de la récréation », conclut le communiqué. Avant de poser la question politique qui appelle une réponse claire : ne rien faire ou résister.