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Victor Velter/shutterstock
L'amie douteuse de Marine Le Pen

Le passé journalistique de la députée Parmentier ramène le RN à la réalité

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Mise à jour le 27 juin 2025
Temps de lecture : 5 minutes

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Extrême droite Assemblée nationale

Parce que le RN refuse de les condamner, les écrits de la députée Caroline Parmentier, lorsqu’elle était journaliste au journal d’extrême droite Présent, mettent un point final à la stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen.

« Le RN est-il encore d’extrême droite ? ». C’est la question que posait, dans son édition du 4 juillet 2024, le mensuel Philosophie Magazine. « Le parti fondé par Jean-Marie Le Pen, écrivait-il, a changé depuis que Marine Le Pen en a hérité. Il affirme n’être plus antisémite, xénophobe, homophobe ni anti-républicain. Est-il encore d’extrême droite autrement que par héritage ? »

Un an plus tard, la réponse ne fait plus de doute. Oui, le RN est un parti d’extrême droite. Non, il n’a pas renoncé à son héritage. Rappelons au passage que l’ancien parachutiste et tortionnaire Jean-Marie Le Pen n’était pas l’unique fondateur du FN. Il était par exemple accompagné par l’ancien waffen SS Pierre Bousquet ou encore l’ancien membre de l’OAS Roger Holeindre.

La question récurrente de l’appartenance ou non du Rassemblement national à l’extrême droite repose sur le travail entrepris il y a plus de vingt ans par Marine Le Pen pour tenter de « dédiaboliser » le parti de son père.

La culture du RN craque le vernis

Force est aujourd’hui de constater que cette stratégie ne peut plus faire illusion. L’enquête que vient de publier Mediapart sur le passé journalistique de Caroline Parmentier prouve que la culture d’extrême droite et fascisante du RN est bien plus forte que le vernis d’honorabilité derrière lequel se cachent ses dirigeants.

Avant d’être débauchée par son amie Marine Le Pen, en 2018, Caroline Parmentier était rédactrice en chef du journal Présent. Ce quotidien a été créé par des nostalgiques de Charles Maurras et du maréchal Pétain. Aujourd’hui, l’ancienne journaliste ne renie aucun des écrits qu’elle y a commis et souligne qu’elle était dans la ligne de son journal. C’est bien normal. Ses écrits retrouvés par Mediapart ? Des articles racistes, homophobes, antisémites, anti-IVG et anti mariage pour tous. La journaliste trempait sa plume dans le fiel pour, par exemple, dénoncer un « lobby juif », la « grosse » Simone Veil, c’est-à-dire la ministre de « la loi qui porte son nom et qui génocide 220 000 petits innocents par an. » La violence des propos de Caroline Parmentier n’avait pas de limites, traitant par exemple les gens du voyage de « mangeurs de hérissons, voleurs de poules et même de voitures. »

Marine Le Pen savait tout cela en la débauchant pour en faire son attachée de presse. Les membres et dirigeants du RN peuvent toujours dire aujourd’hui que ces écrits relèvent d’un passé révolu et que Caroline Parmentier a changé de ligne depuis que, au sein de la rédaction de Présent, elle avait pris position pour Marine Le Pen.

Soutien total des dirigeants RN

Qu’importe, celle qui est devenue en 2022 députée RN de la 9ᵉ conscription du Pas-de-Calais (Béthunois) assume ce qu’elle a écrit à l’époque et aucun élu de son parti ne songe à la sanctionner. Au contraire, ils la soutiennent tous et toutes.

Sur la stratégie de dédiabolisation dont la crédibilité saute du même coup, il faut aussi garder à l’esprit que c’est précisément Caroline Parmentier qui, à son arrivée au RN et dans l’équipe de Marine Le Pen, a entrepris un travail de « normalisation » des rapports de celle-ci avec la presse. Il fallait, dans le cadre de la « dédiabolisation », donner une image plus démocrate, plus républicaine, plus humaine de la taulière.

Sauf que la taulière en question n’a elle-même jamais changé. Avant le scandale relatif au passé journalistique de la députée du Pas-de-Calais, on se souvient des initiatives récentes de Marine Le Pen. Le 9 juin, en compagnie de Jordan Bardella, elle a participé, dans le Loiret, à un meeting contre les institutions de Bruxelles. Elle y a reçu les soutiens sans retenue des leaders d’extrême droite européenne comme le Hongrois Viktor Orban, l’Italien Matteo Salvini ou encore le chef du parti d’extrême droite estonien Ekre, Martin Helme. Ce dernier s’est élevé contre la condamnation de Marine Le Pen qui pourrait l’empêcher de se présenter à la présidentielle de 2027.

Quelques mois plus tôt, ces mêmes leaders de l’internationale d’extrême droite retrouvaient Marine Le Pen à Madrid pour un meeting organisé par le chef du parti espagnol « Vox », Santiago Abascal. L’ex-présidente du Rassemblement national a loué à cette occasion la « méthode Trump » qu’elle voit « applicable en France et en Europe ». « C’est un souffle important à cultiver » a commenté l’un de ses proches.

Indécrottable et résolument facho. Tel est le vrai visage du RN. L’ancienne journaliste de Présent n’a fait, bien involontairement, que rappeler la réalité.

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