Si le budget global de l’Éducation reste stable, passant à 64,5 milliards d’euros pour l’année 2025 contre 64,4 milliards d’euros en 2024, les suppressions de postes programmées, qui toucheront principalement le premier degré, suscitent l’incompréhension du monde enseignant.
Une réaction rapide des syndicats
Majoritaire dans le second degré, le SNES-FSU dénonce « une véritable cure d’austérité pour l’Éducation nationale. […] L’École publique paye un lourd tribut aux économies annoncées par Michel Barnier. C’est même l’Éducation nationale qui contribue le plus aux suppressions de postes annoncées dans la Fonction publique. Et dire que Michel Barnier annonçait lors de son discours de politique générale que l’école resterait sa priorité… encore une fois, il y a un gouffre entre les paroles et les actes ! »
Ancienne députée LREM des Français de l’étranger, la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, n’inspire guère de confiance aux enseignants qui ont découvert avec stupéfaction les conseils donnés par leur nouvelle ministre aux riches expatriés de Singapour pour obtenir le meilleur travail possible des domestiques locaux sur le site de son ancienne entreprise Help agency…
Des justifications qui ne convainquent pas
Les explications du ministère qui justifie ces suppressions de postes par une baisse démographique dans le premier degré ne convainquent pas. SUD éducation note ainsi que « La baisse du nombre d’élèves aurait dû permettre de redonner de l’air à l’école en baissant le nombre d’élèves par classe, en reconstruisant les dispositifs d’aide aux élèves, en assurant les remplacements, en permettant aux personnels de se former… »
L’annonce du recrutement de 2 000 accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) supplémentaires à la rentrée prochaine a également été accueillie avec fraîcheur tant les besoins sont criants et les moyens dédiés à l’inclusion scolaire insuffisants.
De fait, la création de postes d’AESH ne compense pas le manque de places en SEGPA et en ULIS, qui sont souvent plus adaptées aux difficultés de certains élèves qui progresseraient mieux en petit groupe avec un professeur spécialisé que dans une classe de collège classique, même avec l’accompagnement d’une AESH.
Dans un communiqué, la CGT Éduc’action souligne que « Ces 4 000 suppressions de postes […] sonnent comme un véritable mépris à l’égard de l’Éducation nationale qui fait face à tant de maux. Agir de la sorte, c’est refuser de regarder la situation catastrophique dans laquelle est plongée l’École. […] C’est méprisant à l’égard de ces mêmes personnels qui affrontent déjà des conditions de travail désastreuses, subissent un décrochage salarial historique et une perte de sens de leur métier. Sans augmentation de salaires, ce budget confirme que l’amélioration de l’attractivité du métier n’est qu’un slogan. […] Et que dire de l’annonce de la création de 2 000 postes d’AESH alors que le ministère sait très bien que c’est en dessous des besoins et qu’il ne trouvera pas ces volontaires pour faire un métier aussi difficile et aussi mal payé ! »
L’ensemble des organisations syndicales représentatives (FSU, UNSA, FO, CFDT Éducation Formation Recherche publique, CGT Éduc’action, SNALC et SUD Éducation) a adressé le 14 octobre un courrier à Anne Genetet faisant valoir le dépôt d’une alerte sociale et demandant à être reçus dans les trois jours.
Reçus le 16 octobre au cabinet de la ministre, les syndicats sont sortis déçus de la réunion et envisagent de nouvelles mobilisations pour peser sur l’examen du budget à l’Assemblée nationale et obtenir un budget à la hauteur des attentes, qui sont immenses.