Dans l’hémicycle, c’est Cathy Apourceau-Poly, sénatrice communiste du Pas-de-Calais, qui est montée à la charge. « On veut faire du 1er mai un jour ordinaire », a-t-elle dénoncé. Mais derrière cette volonté d’ordinaire, il y a une logique d’effacement. Celle des droits collectifs, de la mémoire ouvrière, et de l’idée même que le temps de la fête et de la lutte puisse exister en dehors du commerce.
Le 1ᵉʳ mai n’est pas un jour férié comme les autres. Il n’a rien d’une simple « journée de repos » dans le calendrier. C’est un symbole. Celui de la force collective des travailleurs, des luttes pour la journée de 8 heures, du sang versé à Chicago ou à Fourmies pour des droits élémentaires.
Ce jour-là, les cloches ne sonnent pas pour les messes, mais pour les cortèges. Il ne commémore ni un événement religieux ni une victoire militaire. Il appartient au monde du travail, à ses syndicats, à ses batailles. En 1947, il est reconnu comme jour férié obligatoirement chômé et payé — une exception dans le Code du travail.
Une guerre de longue haleine contre le droit du travail
Comme pour le travail le dimanche, les promoteurs du texte parlent de « volontariat ». Mais dans un rapport de subordination, qui peut croire au volontariat ? Un salarié précaire ou sous contrat court peut-il vraiment dire non à son employeur ?
C’est exactement ce qu’a rappelé Cathy Apourceau-Poly : « L’ouverture le dimanche n’a pas créé d’emplois durables, n’a pas soutenu les petits commerces, n’a pas amélioré le pouvoir d’achat. » Le 1er mai ne ferait pas exception. Les seules qui y gagneraient, ce sont les grandes chaînes, les centres commerciaux et leurs actionnaires.
Et pendant ce temps, la vie de famille, la vie associative, la vie militante reculent. Le temps libre se réduit. Les temps collectifs disparaissent. C’est une société vidée de son humanité qu’on nous prépare, où l’on ne vit plus ensemble.
Cette proposition de loi n’est pas isolée. Elle s’inscrit dans une longue entreprise de démolition sociale : réforme des retraites, remise en cause des 35 heures, généralisation du travail le dimanche, suppressions de jours fériés… À chaque fois, sous couvert de « souplesse » ou de « modernité », c’est une régression.
La droite et le patronat testent l’endurance du monde du travail. Ils procèdent morceau par morceau. Un jour, c’est un congé ; un autre, un seuil de représentation syndicale ; demain, ce sera un jour férié de plus.
Après le dimanche, ils s’attaquent au 1er mai.
La droite, les centristes et le gouvernement Bayrou veulent banaliser la seule journée fériée obligatoirement chômée.
Comme la loi Macron : régression sociale.Merci @Apourceau pour cette intervention pour le groupe @senateursCRCE pic.twitter.com/eOMcYnO3vR
— PCF (@PCF) July 3, 2025