« L’indexation des salaires sur l’inflation est une revendication soutenue par 87 % des Français » a lancé Cathy Apourceau Poly (PCF) devant une assemblée largement hostile à la mesure.
« La France s’est smicardisée »
Venue au pupitre pour défendre la mesure, Cathy Apourceau Poly a d’emblée soutenu que « la France s’est smicardisée » avec 17,3 % des salariés payés au minimum légal contre 12 % en 2021. Et d’ajouter que « Des travailleurs, qui vont au turbin chaque matin, sont obligés de s’adresser aux associations caritatives pour pouvoir manger et nourrir leur famille ». Mais « attention ! » disent l’ensemble des élus à l’origine de la proposition : « Pas de misérabilisme », un « simple constat ».
Le SMIC, comme les pensions de retraites et les prestations sociales, est indexé sur l’inflation. Mais les salaires, eux, ne le sont pas. Les conséquences sont sans appel : il y a un véritable décrochage des salaires et une perte considérable de pouvoir d’achat pour les travailleurs. En 2024, les salaires ont progressé de 2,7 % en moyenne (0,7 point de plus que l’inflation), mais cette hausse ne compense pas, loin de là, les pertes cumulées en 2022 et 2023, estimées à 2,4 %.
La Sénatrice en veut pour preuve la situation dans l’industrie. « Dans l’industrie, lance-t-elle, les salaires sont historiquement plus élevés que dans le tertiaire. Non pas par bonté, mais parce que la valeur produite par les bras des travailleurs rapporte beaucoup, beaucoup d’argent ». « Mais, poursuit-elle, la donne a changé ! Le décrochage des salaires touche même ces salariés de l’industrie. Je pense à ces ouvriers de l’automobile, chez moi, qui n’espèrent même plus pouvoir se payer une voiture qu’ils participent à fabriquer ».
« Vous refusez de mettre les profits dans la discussion »
De son côté, la droite majoritaire a estimé que cette mesure « escamoterait le dialogue social » tandis que le gouvernement s’y opposait car « quelqu’un doit payer la facture » – pas de surprise donc. La proposition a recueilli 111 voix pour – celles de la gauche – et 225 contre dans cet hémicycle dominé par une alliance droite-centristes.
Les opposants de vieille date à ce retour d’une échelle mobile des salaires disent craindre une « boucle inflationniste ». Un argument « magique » que n’accepte pas la Sénatrice auteure de la proposition de loi. « Il y a les salaires, c’est une chose. Il y a les prix, c’est une chose. Mais n’oublions pas que les profits aussi existent, et qu’ils ne sont pas incompressibles. Cette soi-disant boucle inflationniste fait peur, car vous refusez de mettre les profits dans la balance et dans la discussion ».