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Wojciech Wrzesien/shutterstock
Avesnois

Comment le RN progresse-t-il ?

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Mise à jour le 26 juillet 2024
Temps de lecture : 4 minutes

Mots -clé

Industrie Extrême droite Assemblée nationale Social

L’Avesnois, la petite Suisse du Nord, le Val Joly, les forêts, le bocage, derrière la carte postale touristique, un territoire vivant… qui a élu dès le premier tour un député RN. Une surprise ? Pas vraiment.

Ce territoire a participé à la construction de la richesse industrielle nationale. Les noms de Jeumont-Schneider et Usinor (par exemple) résonnent encore dans les têtes et les cœurs des travailleurs, comme le textile de Fourmies, tous sacrifiés au nom des profits capitalistes. D’autres grand noms, et leurs sous-traitants, résistent grâce aux soutiens des élus locaux et à l’engagement des travailleurs eux-mêmes (Vallourec, MCA,...), mais pour combien de temps ?

La résistance s’organise

Ce territoire nourrit la France, grâce notamment à l’élevage laitier et à l’industrie agro-alimentaire (Menissez, Lactalis, Bigard...) qui rémunèrent si mal le travail humain. Dans ce domaine aussi les résistances s’organisent. Les citoyens, paysans et élus locaux s’opposent à la destruction du bocage par les industriels des chips belges et hollandais qui créent d’immenses champs de pommes de terre. Des producteurs laitiers ont créé une coopérative (« FaireFrance ») pour s’émanciper de l’agro-industrie. D’autres paysans développent les productions bio (fruits, légumes, lait, fromages, céréales) et des distributions en circuit court.

Ce territoire subit également de plein fouet la désertification médicale, la fermeture ou l’éloignement des services publics, l’obligation d’avoir une voiture pour aller travailler et pour les besoins du quotidien, la disparition progressive des boucheries et des boulangeries artisanales, des cafés. Là aussi, les citoyens et élus locaux s’organisent dans l’adversité, ouvrent des centres de santé, quelques cafés/brasseries populaires, développent de la vie associative et culturelle…

Les travailleurs de ce territoire, frappé durement par le chômage, subissent chaque jour la violence des hébergements touristiques loués pour loger des travailleurs du BTP venus des pays de l’Est européen, qui interviennent sur des chantiers dont ils sont exclus.

Les populations de ce territoire ont, depuis des décennies, la fierté du travail humain au service du pays, ils savent ce qu’ils apportent et ont apporté à la collectivité nationale. Ils ressentent au quotidien le mépris des gouvernements qui les abandonnent petit à petit et d’une Union européenne qui accompagne la désindustrialisation et l’accaparement des terres par le capital agro-industriel.

Le mépris, ils le vivent également dans les discours dominants qui parlent de « France périphérique », « France des sous-préfectures », qui caricaturent une révolte paysanne pour que le travail paye en révolte contre « les normes ».

Le RN utilise ce sentiment profond de mépris et détourne l’attention en stigmatisant « les assistés », « les étrangers », les « musulmans » et valorise dans son discours « les Français qui travaillent ». Ce discours renforce le sentiment d’appartenir à une communauté de travailleurs abandonnés par la République.

La grande force des travailleurs

Les discours et les stratégies de certaines organisations de gauche ou écologistes amplifient parfois ce sentiment. Le choix d’une stratégie électorale de recentrage sur les classes moyennes urbaines au détriment des ouvriers et paysans ; le choix d’opposer l’agriculture « traditionnelle » à l’agriculture bio ; les discours récents sur une « nouvelle France » qui sont perçus dans ces territoires comme une opposition à une vieille France qui serait rurale, illettrée et raciste.

Pour que la rupture entre ces territoires et la gauche ne soit pas définitive, l’ensemble des partis qui s’en réclament ne peuvent faire l’économie d’un profond questionnement sur leurs discours et leurs stratégies économiques.

Surtout, ils doivent se mettre à l’écoute, au service, sans à priori, dans le respect, de ces populations qui ont fait, et font encore aujourd’hui la richesse de notre pays.

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