Alors que la polémique enfle – et que toutes les forces politiques ou presque s’offusquent, à juste titre, d’une directive européenne restreignant largement les découverts – une revue des votes français au Parlement européen s’impose. Et quel étonnement. Les 73 eurodéputés français présents l’ont approuvée.
C’était en octobre 2023. Aucun ne s’est indigné à ce moment-là. Deux ans plus tard, en septembre dernier, Paris a publié une ordonnance qui transpose cette mesure en France. Elle devra s’appliquer à partir de la mi-novembre 2026.
Une « bombe sociale » pour Mathilde Panot (LFI). Un « scandale que Bruxelles est en train de nous imposer », dénoncent les Républicains David Lisnard et Xavier Bertrand. Le RN, de son côté, parle de « forfaiture » et « d’ingérence de l’UE ». Pourtant, son président Jordan Bardella a lui aussi approuvé cette directive au Parlement européen.
Mais de quoi est-il question ?
Concrètement, à partir du 20 novembre 2026, le découvert bancaire sera assimilé à un crédit à la consommation. Les banques devront donc évaluer la solvabilité des clients avant d’autoriser un découvert supérieur à 200 euros, en analysant leurs revenus, leurs charges et leur historique de remboursement (fichier des incidents).
L’autorisation tacite et automatique du découvert disparaîtra, remplacée par une procédure formalisée : le client devra déposer une demande explicite et signer un contrat, comme pour un prêt classique. Autrement dit, les découverts entreront désormais dans le calcul de votre endettement. Si la banque estime vos revenus trop faibles, la demande de découvert pourra être refusée, même pour une somme minime.
Autre effet pervers, vos charges mensuelles ne doivent pas dépasser 30 % de vos revenus nets. En intégrant les « petits découverts » dans ce calcul, certains ménages pourraient se voir refuser un prêt immobilier ou un crédit à la consommation.
Certes, la Fédération bancaire française rappelle que « pour obtenir une autorisation de découvert, il est déjà nécessaire d’en faire la demande à sa banque ». Mais c’est bien le changement de statut des petits découverts qui pose problème.
Et pour cause : plus d’un tiers des Français ont eu recours à un découvert cette année, et près d’un quart se retrouve « dans le rouge » chaque mois. Sous prétexte de « lutter contre le surendettement », l’Union européenne et les eurodéputés français resserrent encore un peu plus l’étau sur les travailleurs. Comment éviter le « tous pourris » ?