Information et expression
Les radios associatives veulent porter leur voix
La Fédération des radios associatives du nord de la France (Franf) est vent debout et entend défendre sa liberté d’expression. Son président, Hervé Dujardin (journaliste à Radio Scarpe Sensée) ne désespère pas de mobiliser, mais s’inquiète de la prudence face à la nécessité de s’engager délibérément contre l’hypothèse du RN au pouvoir.
« La Franf, lit-on dans un communiqué, est porteuse de convictions et de valeurs : ouverture sur le monde, refus de toutes les discriminations, respect des droits de l’humain et du monde vivant, écologie, égalité, laïcité, fraternité et démocratie. La Franf est particulièrement attachée à l’indépendance et à la liberté de la presse. Ces valeurs et positions sont en contradiction totale avec les projets que porte l’extrême droite. »
Hervé Dujardin, très inquiet pour l’avenir des financements des radios associatives (les subventions publiques ne sont jamais automatiques) a aussi conscience que c’est l’ensemble du secteur associatif qui ne manquera pas de souffrir. Dans les métiers de l’information, on sait aussi que Jordan Bardella a annoncé l’intention du RN de privatiser l’audiovisuel public.
Retrouvez d’autres témoignages → La détermination des travailleurs face à l’extrême-droite
Musique
Arnaud Van Lancker appelle à la résistance de la pensée
L’ancien chaudronnier, devenu accordéoniste et créateur, en 1992, de la compagnie du Tire-Laine (un collectif artistique très coté en France), a le cuir bien tanné. « Nous sommes en ordre de marche pour soutenir le Nouveau front populaire et sa démarche, annonce-t-il. Si Jordan Bardella arrive à la tête du gouvernement, il faudra construire des espaces d’oxygène pour préparer la résistance de la pensée. Il faudra aller au plus proche du peuple. »
S’il en veut beaucoup à Emmanuel Macron, responsable de la situation à coups de 49,3 et de répression policière, il n’omet pas la responsabilité de la gauche. « La base est de moins en moins écoutée. » Avec sa compagnie, ses réalisations musicales et ses influences tsiganes, klezmer, jazz, orientales et swing-musette (Taraf Dékalé, Swing Gadjé...), Nono ne cesse de déranger et de crier à l’injustice. Mais il regrette l’insuffisance de mobilisation générale. « J’organise des fêtes populaires dans les quartiers populaires, mais nous sommes trop seuls. »
Si l’artiste a choisi de vivre à Méricourt, une ville communiste où « tout le monde est mobilisé », le « Tire-Laine » demeure bien ancré dans les quartiers populaires lillois. Elle joue là où trop peu veulent aller. Mais avec des limites. « Je ne me vois pas jouer à Hénin-Beaumont, ville d’extrême droite. »
Bien-sûr, avec un gouvernement d’extrême droite, il ne se fait aucune illusion sur le sort des subventions et du financement des structures culturelles. « La culture ne sera pas la seule victime. Je pense à l’hôpital, aux services publics, etc. En fait, l’ensemble de la société sera touché. Les artistes iront à la gamelle. » « C’est désespérant, mais pour ma part, je continuerai à me battre. Il ne faut surtout pas baisser ni la tête, ni les yeux. Il aurait fallu avoir le courage d’interdire l’extrême droite. »
Parmi ses nombreux chevaux de bataille : le vote des immigrés aux élections locales. « On demande aux jeunes de voter, mais leurs parents n’y ont pas droit. Allez comprendre ! »
Pour lui, la lutte est un éternel recommencement.