Santé
Un système qui va encore se dégrader
Élisabeth Gocha est manipulatrice radiologue au CHU de Lille où elle est également secrétaire générale Smict CGT. Elle ne cache pas son désarroi face à la menace d’un gouvernement d’extrême droite. « Quand on observe les votes des députés RN, dans la précédente assemblée (désormais dissoute), on ne peut se faire aucune illusion. Ils sont contre l’augmentation des moyens pour l’hôpital public alors que l’on sait que ce secteur va mal. Les moyens diminuent d’année en année, dans l’hypothèse de l’extrême droite, cela ne fera qu’empirer. Je pense aussi au Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), toujours à la baisse. Là encore, la situation ne pourrait que se dégrader.
Et puis, il y a beaucoup à craindre pour la situation des médecins d’origine étrangère, je veux dire les Praticiens et Patriciennes à Diplôme hors Union européenne (PADHUE). Ils se sont retrouvé dans une situation très difficile après l’application de la loi immigration de 2023. L’Ufmict-CGT, Union Fédérale des Médecins Ingénieurs Cadres et Techniciens, est intervenue auprès du gouvernement pour intervenir en leur faveur.
Ces médecins sont très mal payés et ils sont menacés d’un retour au pays. Nous disons que s’ils bossent ici, ils doivent rester en France. Notre système de santé a besoin d’eux. Ils sont déjà malmenés. Ils seront encore plus gravement menacés. »
Industrie
Terrain favorable et menace sur les luttes sociales
Dorian Valois était au cœur de la lutte contre le plan de suppression d’emplois (129 licenciements) de l’usine Cargill, à Haubourdin, près de Lille. En novembre 2019, date de l’annonce de ce plan, il était secrétaire du CSE et délégué syndical CGT et s’est battu jusqu’à son licenciement. Il reste aujourd’hui 180 salariés sur le site, sur un total de 335.
Le syndicaliste continue sa bataille et on le voit sur toutes les mobilisations de la région. Le contexte politique, depuis la dissolution de l’Assemblée, l’inquiète au premier degré. La perspective d’une victoire du Rassemblement national le hérisse.
« Ma crainte, dit-il, c’est que les syndicats disparaissent ou soient réduits à rien. Je crois qu’il faut durcir les grèves et les blocages, même si je m’attends à une répression policière accrue, à l’avenir, contre nos actions. L’extrême droite prépare la guerre contre nous. »
Évoquant par exemple la situation dans son ancienne entreprise, il estime que les salariés, en général, ne se rendent peut-être pas compte jusqu’où elle peut aller. « Jordan Bardella avait annoncé que, s’il accède au pouvoir, il reviendra sur la réforme des retraites. Or, il vient d’y renoncer. Il n’est décidément pas pour les travailleurs. Il va aussi s’attaquer aux cotisations sociales au détriment du salaire socialisé et va favoriser les entreprises. Il faut une vraie prise de conscience du monde du travail et les salariés doivent savoir qu’une prime d’intéressement ne compense pas, au contraire, les acquis qu’apportent les cotisations sociales et, donc, notre système de protection sociale. Chez Cargill, par exemple, à Haubourdin, un accord d’intéressement vient d’être signé et les salariés se font avoir parce qu’il faut bien remplir le frigo. »
Pour lui, la bourgeoisie est bien préparée sur tous les plans. « C’est toujours pareil. Le RN est un allié du capitalisme et il s’en prend aux plus fragiles. Il joue sur un terrain favorable où l’on diabolise les jeunes des cités, les immigrés, les sans-papiers. Il se bat contre l’immigration et on entend dire les pires choses s’il arrive au gouvernement. Or, on a besoin des savoir-faire des travailleurs étrangers. Moi-même, je suis issu de l’immigration polonaise. »