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Premier ministre

Michel Barnier au pied du mur

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Mise à jour le 13 septembre 2024
Temps de lecture : 5 minutes

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Gouvernement Michel Barnier

Lourde et difficile tâche à laquelle est désormais confronté le nouveau Premier ministre. En succédant à l’arrogant Gabriel Attal qu’il n’hésite d’ailleurs pas à remettre en place, Michel Barnier est chargé par le non moins arrogant président Macron de « constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays. » Une mission qui prend plutôt des allures de défi alors que l’ombre de la censure parlementaire plane déjà sur lui.

Plus vieux Premier ministre de la Cinquième République, après en avoir été le plus jeune député, ce gaulliste dit « social » déroule un long curriculum vitae politique. C’est dans cette force que l’on trouve, non pas ses faiblesses, mais les recettes qu’il ne manquera pas d’appliquer à la France. Il lui faudra d’abord faire oublier le vote des Françaises et des Français qui, très majoritairement, ne voulaient plus du macronisme. À moins de développer des talents de magicien, il aura du mal à ne pas passer pour un clone d’Emmanuel Macron qui l’a choisi pour cela.

Les yeux bleus de Barnier dans le regard de Marine Le Pen

Alors, dès sa nomination, Michel Barnier fait tout pour se démarquer du patron en promettant beaucoup d’écoute et de respect à l’égard de l’ensemble des forces politiques représentées au Parlement. Marine Le Pen lui en sait gré, elle qui a donné des assurances à Emmanuel Macron avant qu’il confirme son choix. Lui, dans son costume bleu assorti à la couleur de ses yeux, il peut la regarder sans crainte. Pour l’instant. Il assène que le « sectarisme est une preuve de faiblesse ». « Quand on est sectaire, dit-il, c’est qu’on n’est pas sûr de ses idées. » Dont acte.

Mais quelles sont-elles, ses idées ? Il va proposer un gouvernement composé de ministres de droite sans exclure de faire appel à des gens de gauche. Lesquels quand on sait les réactions des partis formant le NFP ?

Il dit vouloir une rupture. Le contexte actuel s’oppose à cette volonté, à moins de considérer que la rupture qu’il entend sera une aggravation de la politique menée jusqu’ici. Michel Barnier est d’abord connu pour être un Européen convaincu, un Européen de droite. Sa nomination a été chaudement saluée par la très droitière présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen et par la présidente du Parlement européen Roberta Metsola. Voilà qui en dit long. Loué pour sa capacité à avoir négocié la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne (le Brexit), il est aussi celui qui a défendu le traité de Maastricht en 1992, s’opposant ainsi au RPR Philippe Seguin, chantre du gaullisme social dont il se réclame ! En 2005, alors ministre français des Affaires européennes, il se prononce en faveur du traité de Constitution européenne. Il a par ailleurs toujours défendu les traités de libre échange contre l’agriculture française.

Bruxelles à Paris

Aujourd’hui, alors que l’Union européenne lance une procédure contre la France pour « déficit public excessif », nul doute qu’il sera le bon interlocuteur pour discuter avec Bruxelles et, surtout, pour nous plonger dans une politique austéritaire. Avec lui, n’ayons pas de doute, c’est Bruxelles qui s’installe à Paris pour imposer ses directives. Nous attendons avec impatience à qui reviendra le portefeuille européen.

Évidemment, il nous faut attendre le discours de politique générale du Premier ministre avant de tirer des conclusions. Mais on sait déjà que, au pied du mur, il lui faudra trancher sur de nombreux sujets sensibles. Or, on a du mal à anticiper quand on se souvient de ses convictions affichées jusqu’ici.

Sur les retraites, il promet quelques « améliorations ». Mais l’homme qui était pour un départ à 65 ans ne reviendra évidemment pas sur la réforme à laquelle tient tant Emmanuel Macron. Concernant les allocations chômage et la réforme pour l’instant au frigo depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, il est de ceux qui veulent « encourager le travail et le mérite », se battre contre « l’assistanat », suspendre les allocations chômage « après deux refus d’une offre raisonnable ».

Concernant l’immigration, pour prendre un dernier exemple, il prônait – lorsqu’il sollicitait l’investiture de son parti LR pour la candidature à l’Élysée - un moratoire de trois à cinq ans, la fin des régularisations inconditionnelles des sans-papiers, le durcissement des critères du regroupement familial, la réduction de la délivrance des titres long séjour. Il ne reviendra évidemment pas sur la loi « Asile et Immigration » de janvier 2024.

Dans les domaines de l’Éducation nationale (il n’est pas loin du tout des idées de privatisation), de la sécurité, du social et de l’écologie, il ne faut guère plus s’attendre à des réformes de progrès. Quid donc du dialogue que prétend instaurer le nouveau Premier ministre ? Pour l’heure, et tandis que l’extrême droite est plus que jamais en embuscade, la nomination de Michel Barnier fait surtout plaisir au parti LR, qui n’en revient pas de se replacer au centre du jeu (dixit l’ex-ministre calaisien Pierre-Henri Dumont lui-même) et, bien-sûr, au patronat.

L’arrivée de Michel Barnier à l’Élysée est loin d’éteindre la crise que vit la France.

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