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Seth Aronstam / Shutterstock.com
Des entreprises françaises dans l'illégalité

Un tram pour coloniser la Palestine

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Mise à jour le 8 novembre 2024
Temps de lecture : 6 minutes

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Palestine Commerce Israël Guerre ONU Union européenne Liban

«  Notre position sur la colonisation est claire et constante : nous la condamnons, tant à Jérusalem-Est qu’en Cisjordanie ». Depuis des décennies, les gouvernements français rappellent leur position, celle de l’ONU, surtout lorsque leurs actes, devenus publics, démentent leurs propos.

Aujourd’hui, c’est à l’occasion de l’agression du Liban par Israël et des tirs de son armée sur les soldats de la Finul – dont 200 Français – que le Président français bombe le torse. Sans volonté réelle, donc sans effet. Entre le Liban et Gaza, restent les colonies, qu’on omet de qualifier d’illégales.

Ailleurs, la guerre soft

Et pendant que les têtes sont rivées – et c’est normal – sur les crimes de masse israéliens, sournoisement se renforce la colonisation, tranquille.

Pas d’armée qui tire partout. Juste des bulldozers, des engins de travaux, un peu de soldats qui exproprient brutalement les Palestiniens, hier citoyens israéliens, mais devenus « résidents » depuis la loi fondamentale de 2018. Un statut d’étranger toléré dans son propre pays, qui peut être retiré du jour au lendemain et vous transforme en immigré expulsable.

Un peu comme si on décidait que n’étaient français que les catholiques, tous les autres devenant des résidents, des habitants de seconde zone. Une situation qu’on a connue en France durant les Guerres de Religion puis après la Révocation de l’Édit de Nantes… il y a près de 500 ans !

Il y a bien sûr l’implantation des colonies illégales qui transforment la Cisjordanie en gruyère avec des routes pour Israéliens et des check-points pour les Palestiniens. On connaît un peu. Et il y a les « coopérations pour le développement ». Des entreprises françaises y participent pour « améliorer la vie des habitants », notamment ceux de Jérusalem.

Le développement comme prétexte

C’est notamment le cas du tramway qui devrait permettre une meilleure mobilité, celle des israéliens juifs comme celle des résidents non-juifs. Le tramway, un mode de transport écolo qui donne à espérer dans ce monde de vraies brutes.

Sauf que non !

Des lignes de transports qui traversent tout Jérusalem, c’est une violation du Droit international. On finit par l’oublier, mais une partie de Jérusalem est un territoire palestinien occupé militairement par Israël.

De 1949 à 1967, la ville était séparée entre la partie Ouest, israélienne et la partie Est, palestinienne. En 1967, Israël conquérait la Cisjordanie et Jérusalem-Est, annexant les alentours, soit 28 villages et faisant passer la superficie de la municipalité de 6 km² à 70, puis 75 km².

Une puissance occupante – ce qu’est Israël – n’a donc pas le droit de construire des lignes de tramway à travers la partie occupée de Jérusalem.

Comme elle n’a pas de droit d’occuper, de construire un mur de séparation entre Israéliens et Palestiniens, de créer régulièrement de nouvelles colonies, d’occuper des terres libanaises pour y piller leurs nappes phréatiques, d’assécher des terres agricoles palestiniennes pour justifier leur bétonisation au prétexte que rien n’y pousse… Depuis 1967, l’ONU, la Cour internationale de Justice déclare ces actes illégaux…

L’Europe aussi, tout en fournissant Israël en armes pour qu’elle poursuive son occupation et ses agressions. Tout comme des entreprises françaises participent à la création et à la gestion du tramway de Jérusalem.

Un tramway et un TGV illégaux

Ces entreprises se sont défendues de participer à l’occupation, mais plutôt à un aménagement qui profiterait à tous.

La réalité est tout autre.

En 1999, la municipalité de Jérusalem publie un appel d’offre pour la construction de la 1ʳᵉ ligne de tramway (la ligne « rouge ») reliant les colonies juives (illégales) de Pisgat Zeev, au nord-est au quartier de Beit Hakerem, à proximité du cimetière juif national du Mont Herzl, au sud.

Cette ligne est longue de 13,5 km, relie 23 stations, longe la muraille de la Vieille ville, dessert la gare centrale de Jérusalem, en connexion avec Tel-Aviv.

Les deux villes sont reliées par une ligne ferroviaire à grande vitesse, traversant illégalement, elle aussi, des territoires palestiniens. La mise en service de cette ligne « rouge », après de nombreux reports, a eu lieu en 2011. Le projet planifie un maillage de 8 lignes, dont certaines, en 2024, ne sont tracées que sur le papier des bureaux d’étude.

Les entreprises françaises (des multinationales) Alstom, Veolia Transport, Systra (groupe public RATP-SNCF chacune investie à hauteur de 40 %) et Egis Rail (filiale de la Caisse des dépôts et des consignations) étaient en charge des travaux de faisabilité-ingénierie, construction, fourniture du matériel et maintenance, exploitation, chacune dans son domaine propre.

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