Portée par des élus de gauche comme Bernie Sanders mais aussi par des républicains non-interventionnistes, cette fronde cherche à rappeler une chose simple : seule l’approbation du Congrès peut légitimer une guerre.
Un Congrès en alerte face au risque d’escalade
Depuis le début des frappes israéliennes contre l’Iran, la Maison Blanche affiche un soutien sans faille à son allié régional. Mais dans les couloirs du Capitole, le ton est tout autre. Plusieurs sénateurs, républicains comme démocrates, s’alarment de la dérive belliciste de Donald Trump et de son entourage militaire. Au cœur de leurs inquiétudes : la possibilité que le président engage les États-Unis dans une guerre sans l’aval du Congrès, comme l’avait fait George W. Bush en 2003.
Le sénateur démocrate Tim Kaine a ainsi déposé une résolution sur les pouvoirs de guerre pour bloquer toute intervention militaire sans vote préalable. « Il n’est pas dans notre intérêt de sécurité nationale d’entrer en guerre avec l’Iran à moins que cela ne soit absolument nécessaire », affirme-t-il. Plusieurs propositions législatives visent également à interdire le financement de toute opération offensive contre l’Iran, sauf en cas de légitime défense.
Ce rappel au droit constitutionnel intervient alors que l’état-major, notamment le général Kurilla (CENTCOM), pousse à une intégration militaire plus forte avec Israël. Mais la crainte d’un engrenage incontrôlable, similaire à celui de la guerre d’Irak, ressurgit. « Nous devons arrêter cette folie avant qu’elle ne commence », martèle un assistant parlementaire.
« Just Say No » : dites simplement non à la guerre
Dans ce climat de tensions, Bernie Sanders incarne la voix la plus ferme contre l’escalade. « Le Congrès ne doit pas laisser Donald Trump nous entraîner dans une nouvelle guerre de Netanyahu. Il est temps de dire simplement : Just say no », a-t-il lancé lors d’une conférence de presse. Pour le sénateur du Vermont, les parallèles avec la guerre en Irak sont trop nombreux pour être ignorés : désinformation sur les armes de destruction massive, justification sur fond de menace nucléaire, absence de preuve sérieuse.
Sanders rappelle aussi le coût humain et financier d’un conflit dont personne ne veut : « Pendant que nous finançons les bombes, des millions d’Américains dorment dans la rue ou renoncent à se soigner. » Il plaide pour une réponse diplomatique et un cessez-le-feu immédiat, à l’opposé de la logique de confrontation promue par une partie de l’administration Trump.
Ce refus de l’alignement automatique sur Israël commence à faire école. Des mouvements citoyens relaient le message et appellent à contacter les élus pour bloquer toute nouvelle aventure militaire. Alors que le président Trump semble déterminé à soutenir Tel-Aviv à tout prix, l’opposition parlementaire entend réaffirmer une évidence trop souvent oubliée : c’est au Congrès, et à lui seul, de déclarer la guerre.
Les War Powers Acts aux États-Unis
Depuis 1973, la War Powers Resolution impose au président américain de consulter le Congrès avant toute action militaire prolongée. Sans approbation formelle dans les 60 jours, l’engagement militaire doit cesser. Toutefois, ce cadre a été contourné à plusieurs reprises depuis, notamment pour les interventions en Irak, Libye ou Syrie. Le débat actuel sur l’Iran ravive cette tension entre pouvoir exécutif et législatif.