En réponse à l’attaque israélienne, Téhéran a lancé entre 20 et 30 missiles balistiques, ciblant des infrastructures militaires et symboliques : un quartier général cybernétique, un centre de renseignement, une base militaire sensible, et même la bourse de Tel Aviv. Pour la première fois, deux missiles avancés sont utilisés : le Sejil, équipé d’un système d’évitement, et le Khorramshahr, à ogive massive.
Cette montée en gamme témoigne d’une rupture. L’Iran, touché mais debout, démontre qu’il peut frapper le cœur d’Israël avec précision, tout en limitant les pertes civiles. À Tel Aviv, la population est secouée, les défenses anti-aériennes s’épuisent, et la « capitale économique » est partiellement paralysée. L’Iran revendique ouvertement cette offensive comme une réponse légitime à l’agression israélienne, et annonce que « ce n’est que le début ».
À Washington, la guerre ne fait pas (encore) loi
Côté américain, plusieurs élus, républicains et démocrates, s’opposent à toute opération contre l’Iran sans autorisation parlementaire. Le sénateur Tim Kaine a déposé une résolution pour bloquer une intervention unilatérale. Bernie Sanders appelle à « dire simplement non » à une nouvelle guerre, dénonçant un engrenage similaire à celui de l’Irak.
La Maison Blanche est sous pression. Trump, tenté par une réponse musclée, s’inquiète des conséquences : les bases américaines dans le Golfe sont vulnérables, les cibles iraniennes profondément enterrées. Les doutes sur l’efficacité réelle d’une frappe préventive s’accumulent. Selon Axios [1], des réunions de crise au sommet n’ont pas levé l’incertitude stratégique.
Ainsi, la riposte iranienne ne provoque pas l’effet escompté par Tel-Aviv : au lieu d’entraîner automatiquement les États-Unis, elle révèle les limites de leur engagement. L’Iran, avec méthode, impose une nouvelle réalité géopolitique dans laquelle les coûts d’une guerre ouverte deviennent politiquement difficiles à gérer à Washington.
Fordo, le doigt qui cache l’impasse stratégique
Le site nucléaire de Fordo, profondément enfoui sous les montagnes iraniennes, obsède les stratèges américains depuis plus d’une décennie. Protégé par 80 mètres de roche, il est présenté comme une « forteresse atomique » supposée justifier une frappe préventive.
Mais au Pentagone, les doutes grandissent. Les bombes MOP de 13 600 kg, censées perforer ce type de structure, n’ont jamais été testées dans des conditions similaires. Surtout, Fordo n’est ni la seule, ni même la plus active des installations nucléaires iraniennes. Son ciblage médiatique relève autant de la communication que de la stratégie.
« Pendant que l’opinion regarde Fordo, comme un imbécile regarde le doigt, l’Iran construit une dissuasion régionale méthodique », ironise un ancien analyste du renseignement.
L’armée américaine le sait, une frappe unique ne suffira pas. C’est une campagne longue et risquée qu’il faudrait mener, au risque d’un embrasement régional. Et dans un contexte électoral tendu, Donald Trump hésite devant trop de cercueils et trop peu de garanties.