Pour Navi Pillay, ex-juge de la CPI et présidente de la commission, « un génocide se produit à Gaza » et les plus hauts dirigeants israéliens en portent la responsabilité directe.
Quatre critères du génocide sur cinq
Les éléments réunis sont accablants. Destruction d’infrastructures civiles, blocus total, entraves à l’aide humanitaire, déplacement forcé de la population, jusqu’à la démolition d’une clinique de fertilité ; le rapport cite même des propos de Benjamin Netanyahou, du président Isaac Herzog et de l’ex-ministre de la Défense Yoav Gallant comme « preuves d’intention génocidaire ». Dans une lettre aux soldats, le Premier ministre a comparé l’offensive à une « guerre sainte d’anéantissement total ».
Depuis le 7 octobre 2023, l’offensive israélienne a tué plus de 64 000 Palestiniens d’après les autorités locales. Pour le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU, plus d’un demi-million de Gazaouis souffrent de famine. Navi Pillay, qui a siégé au Tribunal pour le Rwanda, évoque des « similarités frappantes » avec le génocide de 1994, entre déshumanisation des victimes et banalisation du meurtre.
Israël balaie ces accusations et dénonce un rapport « politique ». Mais la charge est désormais mondiale. Il y a bien longtemps déjà que l’Afrique du Sud a saisi la Cour pénale internationale pour « actes génocidaires », deux ONG israéliennes – B’Tselem et Physicians for Human Rights – parlent aussi de génocide ; sans compter sur les innombrables déclarations internationales. Le mot, longtemps esquivé par les chancelleries occidentales, s’impose.
Offensive terrestre au cœur de Gaza
Pendant ce temps, l’offensive continue. Lundi, les troupes israéliennes ont lancé une opération terrestre dans la ville de Gaza, qualifiée par le ministre de la Défense Israël Katz de frappe « d’une main de fer ». Netanyahou veut la prise complète de la ville, qu’il décrit comme « dernier bastion du Hamas ».
À l’heure où les États occidentaux s’en tiennent à des appels flous au « cessez-le-feu humanitaire », le rapport de l’ONU rappelle qu’à l’évidence, l’impunité ne peut durer plus longtemps. Les dirigeants israéliens doivent être jugés pour génocide, crime suprême du droit international. Le silence ou l’inaction des puissances alliées pèseront comme une complicité.