Entre réforme judiciaire controversée, poussée nationaliste et fractures internes, ce film révèle les tensions explosives qui façonnent le destin d’Israël.
Une coalition sous tension, un pays sous pression
Depuis son retour au pouvoir en 2022, Benyamin Netanyahou a fait le choix de s’allier avec les franges les plus radicales de la politique israélienne pour asseoir son leadership. Une stratégie qui a permis à des personnalités longtemps marginalisées, comme Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, d’accéder à des postes clés du gouvernement.
Ministre de la Sécurité nationale, Ben-Gvir est une figure de l’extrême droite depuis plus de trente ans. Ancien disciple du mouvement Kach, interdit pour incitation à la haine et considéré comme terroriste, il a bâti sa carrière sur des discours enflammés prônant l’expulsion des Palestiniens. Aujourd’hui, il contrôle les forces de l’ordre et multiplie les provocations, notamment sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem.
Smotrich, de son côté, a grandi dans les colonies israéliennes et incarne la ligne dure du sionisme religieux. Ministre des Finances et en charge de l’administration des territoires occupés, il défend une politique d’annexion massive, accélérant la construction de nouvelles implantations en Cisjordanie et encourageant les expropriations de Palestiniens.
Leur pouvoir grandissant s’est illustré par une réforme judiciaire particulièrement controversée, visant à affaiblir la Cour suprême, dernier rempart contre les dérives autoritaires. Cette tentative de contrôle institutionnel a déclenché des manifestations massives à travers Israël.
Un basculement idéologique aux conséquences explosives
L’idéologie portée par Ben-Gvir et Smotrich repose sur une vision messianique et suprémaciste d’Israël. À leurs yeux, la démocratie ne doit s’appliquer qu’à la population juive, tandis que les Arabes israéliens et les Palestiniens sont perçus comme des obstacles à l’accomplissement d’une souveraineté absolue sur l’ensemble de la Terre promise.
Cette approche a conduit à une radicalisation du discours public, où le racisme et la violence verbale contre les populations arabes ne sont plus tabous. La loi « État-nation » de 2018, qui définit Israël comme le foyer exclusif du peuple juif, s’inscrit dans cette logique de marginalisation des minorités.
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L’attaque du Hamas le 7 octobre a révélé des failles béantes dans la sécurité israélienne, remettant en question l’efficacité d’un gouvernement dominé par des idéologues intransigeants. Plutôt que d’unir le pays face à la menace, l’extrême droite instrumentalise la peur pour justifier l’intensification de la colonisation et l’accroissement des répressions.
Le documentaire Israël, les ministres du chaos d’ARTE offre un éclairage saisissant sur cette mutation politique et ses répercussions. Une plongée captivante dans un Israël en pleine transformation, où les tensions internes et les ambitions expansionnistes pourraient redessiner l’avenir de la région.