Le 10 juillet 2025, la juge Rivka Friedman-Feldman du tribunal de district de Jérusalem a rejeté la demande du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou de reporter son témoignage dans le cadre de son procès pour corruption, fraude et abus de confiance. La défense invoquait des « priorités nationales et sécuritaires » liées à la guerre à Gaza, aux tensions avec l’Iran et à la gestion des otages. Mais la juge a estimé que la requête « ne présente pas de base factuelle ni de raisonnement détaillé », maintenant les audiences prévues pour lundi et mercredi.
Un procès sous haute tension politique
Ce refus intervient après une série de reports déjà accordés à Netanyahou depuis le début de son témoignage en décembre 2024. Parmi les motifs invoqués : des voyages diplomatiques, des problèmes de santé, des obligations parlementaires ou encore des appels urgents avec des dirigeants étrangers. L’accusation, cette fois, s’est opposée fermement à tout nouveau délai, dénonçant des arguments « généraux » et mal fondés.
Le procès de Netanyahou, ouvert en 2020, est devenu un symbole de la confrontation entre pouvoir judiciaire et exécutif en Israël. Inculpé pour avoir accepté des cadeaux luxueux en échange de faveurs politiques et pour des arrangements avec des médias et entreprises influentes, le Premier ministre risque jusqu’à dix ans de prison.
La décision du tribunal a déclenché une vague de réactions politiques. Plusieurs ministres, dont Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, ont dénoncé une « chasse aux sorcières » et appelé à l’annulation pure et simple du procès. Le président américain Donald Trump est allé plus loin, réclamant une grâce immédiate pour « un héros qui a tant fait pour Israël ». Netanyahou a salué ce soutien, qui alimente les accusations de politisation du dossier.
Mais au-delà des déclarations, une stratégie plus cynique semble se dessiner. En invoquant systématiquement des urgences militaires ou diplomatiques pour retarder son procès, Netanyahou donne l’impression de vouloir instrumentaliser les conflits régionaux pour échapper à la justice.
Gaza, l’Iran, les otages : autant de dossiers brûlants qui, s’ils sont bien réels, servent aussi de levier pour repousser l’échéance judiciaire. Une tactique qui, selon certains analystes, vise à renvoyer son procès aux calendes grecques — quitte à faire de la guerre un outil de survie politique.