À Lille, vendredi 20 juin en fin d’après-midi, après des étapes à Beauvais, Denain, Lens, Cambrai et Douai, et avant Roubaix, les marcheurs et les marcheuses étaient environ 500 après avoir été rejoints par de nombreux soutiens venus d’autres villes.
« Dans l’absolu, nous devrions être davantage », confie Emmanuelle Jourdan-Chartier, co-secrétaire générale de la Ligue des droits de l’homme (LDH) et responsable de la section lilloise. Mais elle se dit très satisfaite par la réalisation de cette initiative citoyenne en faveur du peuple palestinien. Chaque étape, depuis Paris, devait être un événement en soi pour sensibiliser le public et éveiller les consciences sur les réalités de la guerre menée par Israël contre Gaza et contre l’occupation de la Cisjordanie.
« De fait, poursuit-elle, nous avons reçu un accueil très chaleureux partout. À Douai, 500 marcheurs ont été accueillis à la mairie avec les partis de gauche et les organisations syndicales. À Cambrai, nous étions 150 sur la place de l’Hôtel de Ville. Vendredi, nous avons marché de Seclin à Lille, en passant par Faches-Thumesnil avec, à chaque fois, un très bel accueil. »
Philippe Vervaecke, président de la fédération du Nord de la LDH, ne dit pas autre chose. « Nous avons déjà organisé des tas de manifestations comme celle-ci, mais cette expérience est atypique en ce sens qu’elle révèle une réalité du militantisme dans de petites villes ou des villages comme Estourmel (moins de 500 habitants), près de Cambrai. Partout, nous avons rencontré le même enthousiasme ».
Pour le respect du droit international
« La prise de conscience sur la situation à Gaza et en Cisjordanie a monté d’un cran depuis quelques semaines, renchérit Emmanuelle Jourdan-Chartier. Je n’irais pas jusqu’à dire, comme l’a fait l’autre jour Rony Brauman à Roubaix que la Palestine a gagné la bataille de l’opinion, mais en tout cas, elle est en train de la gagner. Pour autant, cela n’a pas d’influence sur les politiques et la Palestine continue de se faire anéantir. L’idée de cette marche est de faire entendre l’espoir, de demander le respect du droit international et des droits humains. Pour cela, il est indispensable que ceux qui se prévalent du camp de la démocratie interviennent. »
Cette marche montre aussi que l’on peut faire beaucoup avec peu de moyens. À part quelques doigts d’honneur recueillis sur le parcours, les marcheurs ont plutôt reçu des encouragements et des « V » de la victoire. Et, il est intéressant de le souligner, les forces de l’ordre ont fourni un accompagnement très professionnel et efficace qui a permis de sécuriser l’opération. C’est Philippe Vervaecke qui le fait remarquer, lui qui est membre de l’observatoire des pratiques policières.
Avoir l’écoute du Conseil européen
Les origines des marcheurs et marcheuses sont très diverses (Aveyron, Grenoble, Paris, les Hauts-de-France, etc.). Le Niçois Zacharie, qui aime se faire appeler « Le Big Z », a l’habitude de ce type de manifestation pour la paix. Il fait partie de ceux qui ont été bloqués et interpellés en Égypte avant d’être envoyés à Istanbul, en Turquie. Ils venaient de 15 pays différents. « Nous avons été humiliés, fouillés, frappés pour certains. Nos téléphones ont parfois été cassés. Une fois à Istanbul, nous avons dû acheter nos billets d’avion pour rentrer chez nous. Le consulat de France n’a rien fait pour nous aider. » Rentré en France, il a aussitôt rejoint la marche pour Gaza.
À présent, c’est-à-dire ce lundi 23 juin, le plus dur reste à faire. Les marcheurs souhaitent certes être entendus par les parlementaires européens. « Mais nous voulons surtout l’être par les chefs d’États, et donc par le Conseil européen. » Cela tombe bien, ce dernier doit se réunir aujourd’hui à Bruxelles.