Il était de passage à Calais, à l’invitation de l’Association France-Palestine, et grâce à l’hospitalité de l’association Nature et Savoir-Faire, devant une soixantaine de personnes venues assister à une conférence sur l’histoire socio-politique de la Palestine. L’essentiel portait sur l’histoire de la colonisation par Israël, sous les auspices des impérialismes successivement britannique, français et étasuniens.
Guerre locale, enjeu mondial
Avec une clarté remarquable résultant d’une documentation riche et précise s’appuyant sur une solide méthode matérialiste, le conférencier a exposé les enjeux mondiaux de cette guerre d’éradication du peuple palestinien, engagée dès 1936. Saïd Bouamama propose une typologie des formes de colonisation afin de mieux comprendre le cas particulier de la Palestine au carrefour des continents asiatique, africain, européen et des routes commerciales.
Il démontre ainsi que le sionisme d’alors est un impérialisme de second rang, instrumentalisé depuis 1945 par un autre impérialisme - de premier rang -, celui des États-Unis. La déstabilisation ultra-violente de la Palestine prend ainsi place dans une stratégie de balkanisation du Yémen, de la Syrie, du Liban, de l’Irak. Les finalités sont plus lointaines, mais semblables : la dislocation du Soudan, de l’Iran, de la Russie, de la Chine par le recours à des stratégies différentes en chaque cas, mais homogènes quant à leur but néocolonial. Le livre de Saïd Bouamama comporte un chapitre qui indique les références documentaires et les sources bibliographiques permettant d’étayer ce diagnostic.
Le surgissement inattendu du peuple
Le conférencier a évoqué les défaites successives de la direction militaire des mouvements de libération de la Palestine en Jordanie : Septembre noir en 1970, puis au Liban, au cours de la guerre civile, au début des années 80. Mais c’était surtout pour mentionner le surgissement de l’inattendu : alors que la cause palestinienne semble perdue, c’est le soulèvement populaire de la première Intifada. Puis la seconde.
Aujourd’hui, après 14 mois d’un déluge de feu et de souffrances indicibles, 350.000 Palestiniens, épuisés, amaigris, assoiffés, ont pris la route vers le nord de Gaza, sous la menace terrible du vrombissement des drones. Il y a là un peuple qui tient bon, pied à pied, et entend continuer la lutte pour son droit au sol, à l’existence, à la culture. C’est encore le surgissement de l’inattendu. Il y a les États, les empires qui mènent la danse et les peuples qui ne l’entendent pas ainsi, même sous des bombes de près d’une tonne.
Pour finir, la salle a pris la parole et a adressé objections, observations ou questions au conférencier. Ce dernier a pris grand soin de répondre avec la même clarté incisive qui a caractérisé toute son intervention.
Saïd Bouamama est un militant politique, syndical et associatif, notamment impliqué dans les luttes pour le progrès social, contre le racisme et la xénophobie. Il est l’auteur de très nombreux ouvrages portant sur ces thèmes.
