Pour les extrémistes, il s’agit de vider la Cisjordanie de ses autochtones palestiniens et d’accaparer leurs terres pour y installer des colons venus d’ailleurs. Ceci au nom d’interprétations de prédictions tirées de textes religieux -l’Ancien Testament- érigés en ouvrage révélant la vérité historique.
Des incendies bien ciblés
Peu de temps avant, en mai, un nouvel incendie a ravagé les collines boisées aux abords de Jérusalem. Cet incendie -le plus terrible de l’histoire d’Israël- a entraîné l’évacuation de milliers de résidents et menacé plusieurs communautés chrétiennes. Le monastère cistercien de Latroun a été évacué tout comme la communauté des Béatitudes d’Emmaüs-Nicopolis et la communauté mixte israélo-palestinienne de Neve Shalom.
Le service israélien de sécurité intérieure (Shin Bet) participe aux investigations mais reste prudent alors qu’un précédent incendie s’était déclaré une semaine avant et au même endroit dans la forêt d’Eshtaol.
Saccages, tirs, agressions…
Mais cette fois, c’est en pleine lumière que Taybeh et sa population ont été les cibles de tirs, incendies et destruction.
Déjà en 2023, les paysans de ce village proche de Ramallah et uniquement peuplé de chrétiens n’avaient pu récolter les fruits des amandiers, des figuiers et des vignes à cause des violences des colons. Ceux-ci, issus de quatre colonies illégales, avaient déjà confisqué 24 % des terres, soit 2 400 hectares du village de 1 300 habitants et chassé les communautés bédouines de leurs terres.
Au printemps 2024, les provocations montaient d’un cran avec l’intrusion de colons dans des propriétés agricoles, le saccage de plantations, des tirs en l’air, la construction illégale d’avant-postes, l’agression de personnes âgées... Bien que les autorités locales et les communautés chrétiennes les aient informées, les forces de sécurité israéliennes ne sont pas intervenues.
L’église et le cimetière chrétiens visés
Un nouveau cap, encore plus agressif, vient d’être franchi. Terre sainte magazine, le bimestriel en français publié depuis 1921 par la Custodie franciscaine de Terre sainte [1] rapporte les dénonciations des prêtres des trois confessions chrétiennes de Taybeh - grecque orthodoxe, latine et grecque-catholique melkite -, notamment l’incendie déclenché aux abords du cimetière de Taybeh et de l’Église byzantine Saint-Georges (Al-Khader). Celle-ci date du Ve siècle ; c’est l’un des plus anciens édifices religieux de Palestine. « C’est l’intervention rapide des pompiers et la vigilance des villageois qui a évité le pire » commentent les pères Daoud Khoury, Jack-Nobel Abed et Bashar Fawadleh.
Les signataires du communiqué appellent les églises à travers le monde, les diplomates en poste à Jérusalem et en Palestine et les organisations internationales à sortir de leur réserve. Ils exigent :
- l’ouverture d’une enquête indépendante sur les incendies et agressions ;
- une pression diplomatique concrète sur les autorités israéliennes pour faire cesser les incursions ;
- l’envoi de délégations ecclésiales et internationales sur le terrain pour documenter les violations ;
- un soutien économique et juridique aux habitants, afin de renforcer leur résilience.
« La Terre Sainte ne peut rester vivante sans son peuple autochtone », écrivent-ils. « L’expulsion des agriculteurs, la menace contre les églises, et l’encerclement de nos villages sont autant de blessures infligées au cœur de cette nation. »