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Hussein Kassir/shutterstock
Lara et Raja, Libanaises debout

Le Liban pris au piège

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Mise à jour le 23 octobre 2024
Temps de lecture : 6 minutes

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Palestine Israël Guerre Liban

Elles résident toutes deux dans la métropole lilloise et ont pour point commun de crier leur épouvante devant l’offensive israélienne en Palestine et au Liban. Lara est étudiante, Raja est médecin anesthésiste. L’une ne croit pas à un retour de la guerre civile au Liban, l’autre si. Témoignage de Lara pour cette première partie.

« De tout mon cœur, je souhaite la paix au Proche-Orient. Pour tout le monde : les Palestiniens, les Israéliens, les Libanais. Il faut exiger un cessez-le-feu. Il faut que les bombardements s’arrêtent. Ce sont les civils qui en paient le prix. Aucune atrocité ne justifie d’autres atrocités. La position française n’est pas assez ferme vis-à-vis de Netanyahou. »

Française d’origine libanaise, Lara (28 ans) en a gros sur le cœur. Elle a toujours vécu en France où elle est née et où ses parents, libanais, se sont installés il y a 40 ans avec l’arrivée du père pour le travail. Les liens avec le pays d’origine, celui du cèdre, sont très forts. « Depuis toute petite, je vais voir la famille restée au Liban, dans les villages de mes parents. C’est un pays où dans la même journée, on peut aller à la montagne et à la plage. Là-bas, il y a une part de mon enfance, il y a mes racines. »

Proximité des peuples libanais et palestinien

Mais le Liban ne va plus bien depuis 1975, l’année où débute une guerre civile qui va le ravager pendant cinq ans avant qu’il soit envahi par Israël, en 1982, dans le cadre de l’opération « Paix en Galilée ».

Si, dans un premier temps, il parvient à se relever économiquement, il vit dans une instabilité politique durable (crises de 2008 et de 2014) qui va trouver un summum avec les deux explosions qui détruisent le port de Beyrouth en 2020 (200 morts, 6 500 blessés) et vont mener à la démission forcée du gouvernement d’Hassan Diab. Le Liban, qui s’est enfoncé dans une grave crise économique à partir de 2018, souffre aussi des enjeux régionaux avec Israël et avec la Syrie. Enfin, le Hezbollah, soutenu par l’Iran, soutient le Hamas dans le conflit israélo-palestinien qui suit les massacres du 7 octobre en Israël.

En France, les manifestations exigeant l’arrêt des frappes israéliennes sur la bande de Gaza, l’offensive sur la Cisjordanie et la colonisation, vont s’enrichir des protestations contre les frappes sur le Liban. Déjà mobilisée pour le peuple palestinien, Lara y prend toute sa part et participe à un groupe de mobilisation organisé sur le réseau WhatsApp et soutenu par l’association « Help the Cedar » (littéralement : « Aidez le Cèdre ») présidée par Nasri Richa. Cette association a été créée en avril 2020 pour apporter une aide d’urgence aux familles libanaises qui vivent nombreuses sous le seuil de pauvreté.

« Avec notre groupe WhatsApp, nous avons commencé à mobiliser dès le 25 septembre, c’est-à-dire à partir de l’intensification des frappes israéliennes sur le Liban et l’escalade que l’on observe aujourd’hui. »

Guerre génocidaire ou non ?

Lara insiste sur la proximité des Libanais avec le peuple palestinien (Le Liban accueille de nombreux Palestiniens depuis 1948 et est depuis impliqué dans le conflit israélo-palestinien). « Les frappes sur Gaza ont créé un fort sentiment de tristesse et d’injustice. Cette peine a été démultipliée avec l’exportation du conflit au Liban, dit-elle. « On ne peut être insensible face au nombre de civils, dont de nombreux enfants, tués par l’armée israélienne, tant à Gaza qu’au Liban. Ce que nous voulons, c’est un cessez-le-feu et l’arrêt de la politique coloniale et génocidaire menée par Netanyahou. »

«  Génocidaire  ». Le mot est lancé s’agissant bien sûr du sort fait aux Palestiniens, et tant pis s’il prête à polémique dans les médias et dans la classe politique. «  À partir du moment où un politique essaie de tuer un maximum de personnes au sein d’une population (plus de 41 000 tués et 1,9 million de déplacés), à partir du moment où l’on vise des hôpitaux, des ambulances, des écoles... je ne crains pas de parler de génocide.  » Même si le terme ne colle pas tout à fait à la définition qu’en donnent les historiens (destruction planifiée, totale ou partielle, d’un groupe humain, national, ethnique, racial, religieux…). Pour Lara et ses amis, cela y ressemble très fort et, de toute façon, elle considère qu’il y a un refus ou un déni pour ne pas incriminer l’État israélien. «  Le Mossad est capable de cibler des responsables du Hamas, mais l’armée tire indistinctement sur des civils. Et le pouvoir israélien n’a pas vu venir, ou n’a pas voulu voir venir, l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023. Quand on connaît le niveau de compétence du renseignement israélien, il y a de quoi s’étonner. »

Lara ne comprend pas davantage que Netanyahou ne veut pas entendre les grandes instances internationales, comme les Nations Unies. Pour elle, il veut « raser Gaza en rendant la bande inhabitable. Son projet colonial est clair. Et je n’oublie pas le projet du Grand Israël porté par l’extrême droite. »

Seul point positif de ce moment dramatique de l’Histoire, Lara ne croit pas à une nouvelle guerre civile au Liban, même si les dernières informations montrent que les responsables israéliens voudraient y inciter. « Dans les circonstances actuelles, la nation libanaise est unie et solidaire. On s’accueille d’une communauté à l’autre. La solidarité collective et générale n’a jamais été aussi forte que maintenant », veut-elle croire.

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