Parallèlement à ses discours, le pouvoir n’hésite pas à violer les conventions internationales sur les réfugiés en les abandonnant au génocide tandis qu’en France, il donne suite aux dépôts de plaintes de l’organisation d’extrême droite « Jeunesse juive française » (JJF) contre des personnalités et organisations opposées au crime de masse.
Harcèlement des Français juifs favorables à la paix
Le 11 septembre dernier, à Dinard (Ille-et-Vilaine), le domicile du directeur de publication du site de « l’Union juive française pour la paix » (UJFP), Daniel Lévyne a été perquisitionné dans le cadre de la circulaire du ministre de la Justice sur l’apologie du terrorisme.
En l’absence de notre confrère, qui organisait le stand de l’UJFP à la Fête de l’Humanité, les policiers se sont emparés de quelques dossiers personnels et de livres de sa bibliothèque. On se doute que le magistrat qui donne crédit à la plainte de l’extrême droite va avoir quelque difficulté à poursuivre pour antisémitisme des Français, juifs, partisans de la paix et opposés à la politique coloniale de l’État d’Israël…
Dans un communiqué, l’UJFP rappelle qu’elle ne fait qu’évoquer la situation coloniale qui prévaut en Israël/Palestine et en appelle régulièrement au droit international. Elle souligne aussi que « dans certains médias français, les propos soutenant le génocide à Gaza ne sont pas poursuivis. Et on laisse le criminel de guerre Netanyahou, pourtant visé par un mandat d’arrêt international de la CPI, survoler le territoire français alors que la France est engagée à collaborer pleinement aux décisions de la CPI… ».
Le Crédit Coopératif (Caisse d’épargne) aussi…
Cependant, les tentatives de criminaliser le mouvement des juifs français pour la paix est multiforme puisque, sur la foi de seule plainte de l’extrême droite sioniste française, le Crédit Coopératif, membre du groupe BPCE (Banque populaire - Caisse d’épargne) avait aussi fermé les comptes bancaires de l’association.
Les fonds collectés par l’association -700.000 € depuis 2023- vont actuellement à l’aide humanitaire mais sont aussi consacrés à l’agriculture locale, la santé, l’assainissement, l’éducation et la dispense de cours ouverts aux élèves de toute confession. Pour Pierre Stambul, président de l’UJFP, il s’agit « d’une décision politique, prise à un niveau plus élevé (...), de criminaliser le mouvement de solidarité avec Gaza ». L’association a trouvé une autre banque pour poursuivre ses activités solidaires.
Réfugiés abandonnés au génocide…
Autre contradiction avec la position affichée de la France, la suspension de toute évacuation de l’enclave de Gaza et l’annulation de tous les départs prévus… ceci depuis le 1er août. C’est Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères qui a pris cette décision qui frappe des journalistes, artistes, universitaires, étudiants et familles de réfugiés. Le prétexte ? Une polémique sur les propos d’une seule étudiante palestinienne. Une punition collective qui s’oppose au jugement de notre Cour nationale du Droit d’asile qui jugeait, le 11 juillet 2025, que tous les Palestiniens de Gaza étaient persécutés par les forces d’occupation israélienne en raison de leur nationalité et qu’à ce titre, le statut de réfugié tel que prévu par la Convention de Genève devait leur être reconnu.
Malgré de nombreuses interpellations, les autorités françaises se taisent sur le sujet au point que plusieurs gazaouis et associations ont décidé de saisir en urgence le Conseil d’État. Ils lui demandent de suspendre cette décision illégale qui porte atteinte aux droits à la vie, à la dignité humaine et à l’unité familiale en méconnaissance du principe de proportionnalité auquel l’administration est tenue. L’interdiction générale et absolue décidée par le ministre outrepasse les pouvoirs de l’État et condamne au désespoir des dizaines de personnes qui devaient être sauvées.
La démarche est soutenue par l’AFPS (Association France-Palestine Solidarité), le Collectif des avocats France-Palestine, le Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré·es), la Nidal (Nouvelle initiative pour les droits et libertés), le SAF (Syndicat des avocats de France) et l’UJFP (Union juive française pour la paix).