Les menaces du chef de gouvernement israélien et de ses ministres d’extrême droite, pas plus que les critiques ou insultes du président des États-Unis, n’auront rien changé à l’affaire. Finalement, le président français Emmanuel Macron ne renonce pas à ce qu’il avait annoncé en avril 2025 : la possibilité de reconnaître l’État de Palestine. Et si le sommet prévu en juin à New York avait dû être reporté en raison de l’attaque israélienne contre l’Iran, la réunion se tient bien ce lundi 22 septembre et la possibilité devient réalité.
37 ans après la déclaration d’indépendance de la Palestine
Avec la France, d’autres pays ont confirmé leur volonté de reconnaître officiellement la Palestine : la Belgique, Andorre, Saint-Marin, l’Australie et deux membres du G7 : le Canada et le Royaume-Uni. Ce 22 septembre, soit 37 ans après la déclaration d’indépendance de la Palestine, le 15 novembre 1988 à Alger, 151 États membres de l’ONU sur 193 reconnaissent officiellement l’État de Palestine.
Les critiques faites à Emmanuel Macron, par le pouvoir israélien, et l’accusant de faire un « cadeau » au Hamas, ne tiennent pas. Après beaucoup d’hésitations, le président français ne fait jamais qu’appeler à un retour au droit international, si bafoué par Netanyahou, tout en défendant une solution à deux États, solution que, précisément, le Hamas refuse.
Reste à voir maintenant à quoi va mener concrètement cette décision. Sur le terrain, Israël poursuit le génocide et intensifie plus que jamais son offensive terrestre à Gaza, détruisant tous les bâtiments et obligeant les Palestiniens à se déplacer vers le sud qui n’est plus capable de les accueillir. En Cisjordanie, Netanyahou développe le programme de construction et donc de colonisation. La reconnaissance officielle de l’État de Palestine au siège de l’ONU risque de voir les suprémacistes israéliens aller au bout de leur logique coloniale : l’annexion de la Cisjordanie et de Gaza.
Champ de ruine et morcellement
Rien ne semble devoir faire plier le pouvoir israélien. Pire, en frappant les négociateurs du Hamas, réunis à Doha, il montre son désintérêt pour les otages israéliens encore détenus à Gaza. « Il ne souhaite pas les ramener » commente pour sa part l’ancien Premier ministre israélien (de 2006 à 2009) Ehoud Olmert.
Enfin, le geste de la France et des autres États qui l’accompagnent intervient alors que Gaza est devenu un champ de ruines où règne la famine, organisée par Israël, et une crise humanitaire sans précédent. Quant au territoire qui devrait être celui de l’État palestinien, l’armée israélienne l’a mis en pièces et empêche sa continuité.
Pour annoncer sa reconnaissance de la Palestine, la France aura co-présidé la conférence avec l’Arabie saoudite. Quel rôle, en dehors de sa participation à la reconstruction de Gaza, celle-ci pourra-t-elle ou voudra-t-elle jouer dans ce dossier très sensible ? L’Arabie saoudite dénonce certes la situation à Gaza, mais elle n’en demeure pas moins une alliée des États-Unis qui soutiennent inconditionnellement Netanyahou. Si le président Donald Trump a le pouvoir de convaincre ce dernier de s’asseoir à la table des négociations et de mettre fin au conflit, rien ne montre qu’il ait envie de le faire.
Parmi les nombreuses questions qui restent posées, reste celle du Hamas lui-même. D’aucuns souhaitent le voir disparaître de la scène et n’avoir plus aucun pouvoir ni influence sur la Palestine. Mais en face, l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas n’est guère plus appréciée par Israël. Les massacres du 7 octobre 2023 laissent une rancœur et des traces indélébiles chez les Israéliens qui craignent désormais une réplique. Et certains n’oublient pas les conflits qui n’ont cessé, bien avant le Hamas, depuis 1948.
Quid des frontières de 1967 ?
Côté Palestiniens, qui souffrent le martyre depuis deux ans, les crimes de guerre commis par l’armée israélienne, les massacres génocidaires et les déportations qu’elles subissent à présent, la rancœur et la méfiance ne sont pas moindres.
D’une déclaration de reconnaissance, certes très positive, à un retour à la paix, le chemin est encore très long. Tout comme apparaît de plus en plus difficile d’imposer des sanction à Israël pour les crimes commis par ses dirigeants et, ce qui serait tout de même la moindre des choses, d’exiger la fin de la colonisation, la restitution des territoires illégalement occupés et le retour aux frontières de 1967.