Depuis que le dirigeant israélien a décidé de frapper directement l’Iran et de se donner une autorisation de « droit à tuer » (sur le « guide suprême » de l’Iran), tous les regards étaient tournés vers le président Trump. Que vont faire les États-Unis ? Dans un premier temps, Donald Trump quitte précipitamment une réunion du G7 pour rentrer à Washington et humilier au passage le président français « qui ne comprend jamais rien ».
Ralliement militaire américain à « Rising Lion »
Dès lors, Trump va-t-il choisir la voie diplomatique dans le dossier Israël-Iran, ou va-t-il partir en guerre militairement ? Impossible de savoir ce qu’il pense ou envisage. Jusqu’à cette nuit de samedi à dimanche. En fin d’après-midi, heure de Washington, vingt missiles de croisière sont lancés par des sous-marins américains sur l’Iran. Objectif évident : cacher la véritable opération qui se prépare. Elle se révèle une heure plus tard (17 h, heure de Washington) avec l’attaque de deux bombardiers sur Fardo, un site nucléaire iranien de premier plan. Une heure après, deux autres sites sont bombardés : ceux de Natanz et d’Ispahan.
Les USA sont désormais entrés dans le soutien actif -militaire- de l’opération israélienne lancée le 13 juin : « Rising Lion ». Sept bombardiers spéciaux, 125 avions, 15 bombes, 75 missiles de précision. Les Américains assurent avoir réglé le problème lié à l’armement nucléaire iranien. De son côté, Netanyahou dit avoir retardé de trois ans, avec les frappes israéliennes, le programme nucléaire de son ennemi.
Pourtant, alors que Trump appelle toujours à une solution diplomatique, Netanyahou affirme vouloir poursuivre les frappes. Difficile pour le commun des diplomates de comprendre la psychologie des dirigeants va-t-en-guerre israéliens et américains.
La carte d’Ormuz
En Iran, le régime des mollahs voit son pays attaqué par les armes tandis que la solution diplomatique s’éloigne. Il lui faut bien réagir, quel que soit le contexte historique qui l’oppose aux USA et à Israël. Alors, il sort un joker : la carte du détroit d’Ormuz et sa possible fermeture. En occident, peu voulaient y donner foi et nombreux étaient, jusqu’à ce jour, à parler de « suicide économique de l’Iran » si une telle hypothèse était appliquée.
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Petit rappel non inutile : le détroit d’Ormuz est situé à l’entrée du golfe Persique et ouvre l’accès aux plus grandes réserves pétrolières et gazières du monde. En 2023, peut-on lire dans un rapport du courtier Signal, le détroit d’Ormuz a connu un trafic de 20,9 millions de barils de pétrole par jour, soit 20 % de la consommation mondiale et 25 % du trafic mondial de produits pétroliers.
On comprend dès lors l’importance mondiale de ce détroit. Le trafic maritime n’y a jamais été interrompu, même pendant la première guerre du Golfe, entre 1980 et 1988. Certes, l’Iran et l’Irak ont attaqué des navires pétroliers, mais le détroit n’a pas été bloqué.
Aujourd’hui, après les frappes américaines, si l’Iran va au bout de sa menace (et il le peut), le prix du pétrole va immédiatement flamber. Le courtier Signal parle de plus de 100 dollars le baril. Rappelons que dès le 13 juin, après les premières frappes israéliennes, il est passé de 60 à 70 dollars le baril. L’hypothèse de Signal semble donc raisonnable. Du même coup, il faut craindre une hausse des taux de fret maritime. Le monde entier serait touché, y compris les pays qui n’importent pas directement de pétrole des pays du Golfe.
Une seconde hypothèse pourrait porter sur une fermeture partielle du détroit qui se concrétiserait par des attaques des pétroliers avec l’aide des Houthis du Yémen, quand bien même leurs capacités ont été affaiblies par les récentes opérations américaines. Les armateurs pourraient alors hésiter à fréquenter le golfe Persique ce qui, en raison d’une offre plus limitée des navires et du trafic maritime, entraînerait une hausse du taux de fret, mais aussi du prix du baril du pétrole.
Le rôle de la Chine
Pour les observateurs occidentaux, cela équivaudrait pour l’Iran à se tirer une balle dans le pied, voire à se suicider. C’est pourtant loin d’être sûr, c’est oublier le rôle que peuvent jouer des pays comme la Corée du Nord, le Pakistan et… la Chine. Cette dernière est un client essentiel, le premier pour le pétrole iranien. Elle lui achète plus d’un million de barils par jour.
Si la Chine refuse de s’impliquer directement dans le conflit actuel, elle n’en demeure pas moins une alliée de l’Iran. Ce dernier a encore quelques cartes à jouer sur un terrain où Israël, les États-Unis et les pays occidentaux se croient invincibles.