Ils et elles sont une grosse centaine, place de la République, à Lille, et face à la préfecture qui a décidé d’un changement de lieu à la dernière minute pour le rassemblement. Le drapeau palestinien côtoie celui des partis politiques de gauche et du Mouvement des jeunes communistes. Les keffiehs couvrent quelques épaules ou quelques têtes. Nombreux sont ceux, citoyennes et citoyens qui n’arborent aucun symbole ou signe d’appartenance. Ils et elles sont venus témoigner leur effarement et leur sidération après le massacre qui, la veille, a fait plus de 400 morts à Gaza. Ils et elles veulent, encore et toujours, réaffirmer leur solidarité avec le peuple palestinien.
Au milieu de la place, une jeune femme écarte l’index et le majeur en signe du « V » de la victoire. En même temps, elle brandit deux drapeaux palestiniens en reproduisant encore le « V ». Tout est dans ce geste et ce visage calme et déterminé. Plus personne ne doit se taire après la décision d’Israël de rompre le cessez-le-feu, de massacrer des civils, dont de nombreuses femmes et enfants. Parmi les slogans qui s’élèvent de la foule, on entend l’appel aux médias à « dire la vérité », à savoir : « c’est un génocide [qui se déroule] en Palestine ».
Nettoyage ethnique
Mireille Gabrelle, responsable Nord de l’AFPS, tient à faire une mise au point, qu’elle juge indispensable dans le contexte actuel : « L’AFPS est antiraciste. Nous sommes contre l’antisémitisme et contre l’islamophobie. » Et elle prévient : « Tout propos antisémite va à l’encontre du peuple palestinien. Nous menons un combat politique. Cela n’a rien à voir avec la religion ! »
D’autres prennent la parole pour affirmer que Benjamin Netanyahou procède à un « nettoyage ethnique » et peut le faire grâce au soutien du président états-unien Donald Trump. Et il est vrai qu’avant les élections qui ont ramené ce dernier à la Maison-Blanche, il avait promis, en cas d’élection, de s’attaquer aux musulmans.
Que faire quand on vit en France, pour soutenir la Palestine ? L’AFPS appelle à nouveau à la campagne de boycott (BDS) lancée il y a vingt ans contre les produits israéliens. Il faut aussi, insiste l’organisation, faire pression sur le gouvernement français pour que la France reconnaisse l’État de Palestine.
En attendant, le Premier ministre israélien promet de poursuivre le carnage afin, prétend-il, d’obtenir la libération de tous les otages encore détenus par le Hamas. À moins qu’il n’en fasse définitivement son deuil. Quoi qu’il en soit, le retour de Ben Gvir renforce le soutien de l’extrême droite à l’action du pouvoir israélien. Et Netanyahou trouve fort opportunément un nouveau sursis dans ses affaires judiciaires.