Parmi eux se trouvent plusieurs hauts responsables militaires iraniens, dont le chef des Gardiens de la Révolution, Hossein Salami, le chef d’état-major Mohammad Bagheri, et Gholam Ali Rashid, ainsi que deux scientifiques nucléaires de renom, Mohammad Mehdi Tehranchi et Fereydoun Abbassi Davani.
Si le bilan risque d’évoluer dans les prochaines heures, il est acté que de nombreux civils ont péri dans cette attaque, dont des enfants. Les frappes visaient à la fois des sites nucléaires (notamment l’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz), des infrastructures militaires et quartiers généraux des Gardiens de la Révolution et les résidences de hauts responsables militaires iraniens. C’est une agression militaire en bonne et due forme. Benjamin Netanyahu a déclaré que les « frappes préventives » se poursuivraient dans les prochains jours.
Le scénario du pire
S’il faudra attendre quelques jours pour avoir tous les tenants et les aboutissants de la situation, quelques points sont d’ores et déjà à observer.
D’abord, si nous pouvions espérer que ce « scénario du pire » n’arrive pas, ce n’est pas une surprise. Israël se préparait depuis plusieurs jours, voire plusieurs mois, à frapper l’Iran. Cette option militaire est planifiée de longue date. Le premier objectif du gouvernement israélien était de faire capoter les négociations en cours entre les États-Unis et Téhéran. Un nouveau cycle de discussion s’est ouvert entre les deux pays depuis le mois d’avril. Plusieurs échanges se sont tenus à Oman puis à Rome, avec une médiation omanaise ; une nouvelle session était prévue cette semaine. Les discussions étaient qualifiées de constructives, l’objectif étant, du côté américain, de limiter l’enrichissement d’uranium iranien et d’éviter une escalade militaire et, du côté iranien, d’en finir avec les sanctions économiques.
Ce genre de négociation se fait sur le temps long – voire très long. Rappelons que le premier accord sur le nucléaire iranien avait été conclu en 2015 après douze ans de négociations. Que les pourparlers n’aient pas été interrompus depuis le mois d’avril pouvait laisser optimiste quant à la bonne volonté des uns et des autres. Certes, c’est difficile. Le sujet est très sensible. Mais il y avait discussion. C’est que le gouvernement israélien n’a pas supporté. D’entrée de jeu, Benjamin Netanyahu et ses comparses ont évoqué l’idée de plomber les négociations en frappant Téhéran.
Car au-delà du dossier nucléaire, c’est de la stabilité de cette région du monde – voire de toute la planète – dont il est question. Et en l’occurrence, tout le monde, de Téhéran à Washington, en passant par Moscou et Pékin, a intérêt à ce que cette zone soit stabilisée. Tout le monde, sauf Israël et son gouvernement. Tel Aviv est dans une véritable fuite en avant. Les dirigeants israéliens sont prêts à enflammer toute la région pour poursuivre son œuvre génocidaire à Gaza et la colonisation en Cisjordanie.
Le gouvernement israélien veut embraser la région
Et l’enflammade pourrait avoir lieu ! Le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, a immédiatement promis une « punition sévère » et évoqué un « sort amer et douloureux » pour Israël. Une réaction qui étonne, tant les autorités iraniennes nous avaient habitués au temps long. Lors de la dernière attaque israélienne qui visait Ismaïl Haniyeh à Téhéran en août 2024, l’Iran n’avait pas réagi militairement avant de nombreux jours ; au grand désarroi des USA qui imaginaient une riposte dans les 48 heures.
Mais cette fois, ce sont des civils, des ingénieurs, des scientifiques et des chefs militaires qui ont été visés. Téhéran a immédiatement envoyé des drones vers Israël pour – supposons le – saturer son « dôme de fer ».
Les réactions internationales fusent depuis quelques heures. Dans un communiqué lapidaire, la France dit « suivre avec la plus grande attention l’évolution de la situation » et appelle « toutes les parties à la retenue » sans un mot pour les victimes iraniennes.
La Chine, de son côté, s’est montrée beaucoup plus ferme. Elle « s’oppose à toute violation de la souveraineté, de la sécurité et de l’intégrité territoriale de l’Iran », ajoutant qu’une « nouvelle escalade de la situation régionale n’est dans l’intérêt d’aucune partie ». Le pays se dit prêt « à jouer un rôle constructif pour contribuer à la désescalade de la situation ».
Du côté de Washington, l’administration Trump se dit « prête à défendre Israël en cas de frappe de représailles de l’Iran » et a convoqué une réunion de sécurité avec le CENTCOM (Commandement central américain) qui est en état d’alerte maximale.
L’Arabie saoudite condamne l’attaque et appelle la communauté internationale à « assumer la responsabilité de mettre fin à l’agression » tout comme le Japon pour qui « il est profondément regrettable que la force militaire ait été utilisée alors que les efforts diplomatiques – en particulier les négociations entre les États-Unis et l’Iran – sont toujours en cours ».