Dans le contexte de tensions énergétiques et les offensives récentes des États-Unis contre les Houthis, ce détroit incarne les risques d’une escalade régionale aux larges répercussions.
Un « détroit pétrolier »
Le détroit d’Ormuz représente 20 à 30 % du pétrole mondial. Cela représente, par jour, 21 millions de barils, en provenance d’Arabie saoudite, du Qatar, des Émirats arabes unis, d’Iran, du Koweït, et d’Irak. Le Qatar, premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL), dépend à 100 % de ce détroit pour ses livraisons vers l’Europe et l’Asie.
Depuis les années 2010, les Houthis ont prouvé leur capacité à perturber la navigation du détroit de Bab el-Mandeb. Face à l’offensive dévastatrice d’Israël après le 7 octobre, les Houthis ont apporté leur soutien à la résistance palestinienne en jouant sur les leviers stratégiques énormes que sont les détroits d’Ormuz et de Bab el-Mandeb. Ils ont attaqué des navires commerciaux des principaux alliés d’Israël et donc en priorité les navigations américaines.
D’autre part, l’acteur a ne pas oublier au sein de cet espace géostratégique est l’Iran. La rive nord du détroit est iranienne, ce qui représente de nombreux enjeux locaux comme internationaux. Téhéran a menacé à plusieurs reprises de bloquer le détroit en cas de durcissement des sanctions ou d’attaques à son encontre. Mais la rhétorique américaine qui est de faire de l’Iran une source d’instabilité permanente est mise à mal par le simple fait que l’économie iranienne dépend elle-même des revenus pétroliers. Aux dernières nouvelles, l’Iran ne souhaite pas effectuer un suicide économique collectif au plus grand plaisir des États-Unis.
Pourquoi les États-Unis intensifient-ils les attaques ?
Le magazine The Atlantic a publié le 26 mars les messages du groupe de chat Signal, dans lequel se trouvait le chef du Pentagone, Pete Hegseth ; le vice-président, J.D. Vance ; et le patron de la CIA, John Ratcliffe. Les messages ont révélé un plan d’attaque militaire contre les Houthis.
Le principal objectif américain est de protéger leurs intérêts stratégiques et donc la liberté de navigation vers la mer Rouge et le golfe d’Aden au risque de cristalliser de plus en plus les tensions régionales. Selon les Houthis, les dernières frappes américaines les visant au Yémen ont fait 53 morts, dont cinq enfants.
En sécurisant les voies maritimes, les États-Unis protègent le système du pétrodollar, pilier de leur domination financière, mise à mal depuis quelques années. En effet, l’Arabie saoudite, qui est devenue un partenaire de dialogue de l’OCS en 2023, est tiraillée entre sa volonté de se dédollariser et la possibilité de continuer son partenariat privilégié avec les américains qui leur vendent des armes contre les Houthis. Les Américains, méfiants, se résultent donc à défendre leurs intérêts eux-mêmes, au mépris des peuples du Moyen-Orient.
Les intérêts états-uniens sont donc aussi du côté de l’armement. L’administration Biden avait déjà approuvé en juillet dernier une vente d’armes à l’Arabie saoudite pour 2,8 milliards de dollars. L’armement est un pan important de l’emprise américaine au sein du Moyen-Orient, on le voit, ne serait-ce qu’avec Israël qui renouvelle fréquemment son bon de commande à coup de milliards de dollars pour les industries militaires.